Lorsque l'on s'attaque à la vision de Tais-toi quand tu parles, mais cette remarque vaut pour n'importe quel film de Philippe Clair, il faut s'armer de précautions : être conscient que nos neurones vont fondre au fur et à mesure du déroulement du film, supporter le cabotinage éhonté des acteurs, avoir une tolérance pour les gags du niveau d'une cour de récréation.

La genèse de Tais-toi quand tu parles est intéressante. Au départ, Philippe Clair écrit un scénario dont le film aurait pour titre James Bidon l'agent 00 moins 7. Louis de Funès accepte de jouer le rôle d'Aldo Maccione mais un conflit entre 2 producteurs empêche le film de se tourner et finalement Philippe Clair se tournera vers Aldo Maccione avec qui il s'embarquera dans une quadrilogie composée de Tais-toi quand tu parles, Plus beau que moi, tu meurs, sa suite Si tu vas à Rio, tu meurs, et L'aventure extraordinaire d'un papa peu ordinaire.

Difficile d'aborder le scénario de Tais-toi quand tu parles tant les films de Philippe Clair s'apparentent plus à une suite de sketchs qu'à une véritable histoire. Bon, déjà il y a le titre qui ne veut strictement rien dire comme Par où t'es rentré ? On t'a pas vu sortir, réplique citée par Philippe Clair à un moment dans le film et qu'il réutilisera comme titre de son film avec Jerry Lewis en 1984.

Bon, sinon, Aldo Maccione est Giacomo un chômeur, harcelé par sa mère au téléphone, qui, dans son sommeil, rêve qu'il est James Bond. Sauf qu'il est le véritable sosie d'un agent secret, homosexuel bien entendu, tué en mission. Les services secrets vont s'y laisser prendre et le ramener en Tunisie terminer ce qu'il avait commencé.

Je parlais de cabotinage plus haut et évidemment Maccione va s'en donner à cœur joie dans son personnage de tombeur italien feignant d'être homosexuel à la fin. Que dire de Philippe Clair, qui pourtant à la base est un excellent comédien (si, si) et qui joue là une nouvelle fois un arabe avec un accent juif-pied noir tellement ridicule que ça en devient gênant.

Niveau gags, attention, c'est du lourd. On est plus trop dans les années 70 où les gags de Philippe Clair étaient très cartoons et faisaient penser à du cartoon. Là, il a plus de moyens, donc il essaie un peu plus de faire du cinéma, des mouvements de caméra. En contrepartie, les gags deviennent vulgaires. Balle de tennis dans les couilles, main au cul qui se solde par une gifle, seau d'eau sur la tronche, vannes sur les homosexuels, le Philippe Clair nouveau est arrivé ! Ceci dit, c'est tellement con que ça en devient drôle. C'est ça le pire.

Reste le charme d'Edwige Fenech dont on cherche désespérément à en apercevoir les miches pour se consoler du spectacle et quelques références sympas à James Bond : Opération Tonnerre, et Moonraker que Giacomo n'aime pas du tout !

Tais-toi quand tu parles fait partie du fleuron de ces comédies franchouillardes qu'a pu connaître le cinéma français dans les années 80, massacrées par la critique mais qui faisaient le plein en salles.
Incertitudes
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le 14 août 2013

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