C'est avec incompréhension que je découvre la faible connaissance que le site a de cette petite pépite nommée Taking Off !
Réalisé en 1971, ce film tente de capter, à travers le prisme d'une famille américaine bourgeoise typique, les maux qui agitaient alors cette société en ébullition
Le film s'ouvre sur une énorme audition musicale de jeunes filles en fleurs : Elles ont des cheveux longs encadrant leur visage d'enfant, des habits larges et colorés... Elles poussent la voix pour célébrer l'amour sans se rendre compte que, ce faisant, elles aussi inscrivent leur idéal dans une dimension plus commerciale ...
On sort de cet univers Flower power pour partir à la rencontre des parents de la jeune Jeannie qui est elle aussi allée passer l'audition.
Autre génération, autre univers !
Le film ne cessera de faire des allers retours entre le monde de cette jeunesse qui ne se reconnaît pas dans l'héritage de ces aînés et le monde des adultes qui n'a pas les clefs en main pour comprendre le mal être profond des enfants même qu'il a engendré !
Cette construction toute en parallèles épouse parfaitement le propos du film : celui de faire le portrait d'une société Américaine divisée ...
Cependant, Milos Forman n'hésite pas à construire des ponts pour se faire rejoindre ces deux mondes ! Ainsi, après une scène musicale de la jeunesse, ce sont les adultes que nous voyons applaudir et souriant !
De même, dans une volonté de la part des adultes de comprendre leurs enfants, nous assistons à une scène mythique des plus drôles !
C'est au cours d'une réunion où se retrouvent quelques parents désemparés face à la fugue de leur progéniture que ces derniers vont expérimenter la drogue pour mieux comprendre leur univers.
Nous avons donc droit à dix minutes absolument savoureuses sur la découverte de la fumette !
Ce qui est touchant dans Taking off, c'est le regard que porte le réalisateur sur ces parents perdus. Et le tour de génie qui rend le film d'une grande intelligence et d'une grande humanité, c'est cette absence totale de jugement sur une des deux parties.
Ainsi, le portrait que nous offre cette petite pépite sur la fin d'une utopie faite de paix et d'amour, est une réussite totale où l'on ne manque jamais de rigoler !