Le titre donnait inévitablement envie, la bande-annonce était du même acabit : difficile pour moi dans ces conditions de passer à côté du nouveau film de Matteo Garrone, loin de l'aspect très réaliste de son « Gomorra ». Et même si je ne m'attendais pas forcément à cela, rapidement je me suis laissé porter par cet univers visuellement très riche, loin de ce qui peut nous être proposé aujourd'hui en matière de grand spectacle, chaque histoire étant l'occasion pour le réalisateur d'approfondir cette beauté oscillant habilement entre classicisme et audace. Outre le plaisir que l'on a à découvrir ces contes transalpins totalement inconnus chez nous, il y a surtout leur grande qualité, renouant avec beaucoup de force et parfois de cruauté avec ces récits anciens un peu malsains voire carrément atroces
(l'écorchement d'Imma est insoutenable).
Voyage souvent au bord de la folie, « Tale of Tales » a également l'habileté de ne pas nous narrer trois récits bien distincts, préférant les entremêler au point que nous avons plus l'impression d'avoir affaire à une grande histoire aux multiples personnages qu'à un film à sketchs. Je n'ai pas forcément adhéré à tout, mais il y a en définitive presque tout ce que j'aime au cinéma : de l'imagination, de l'inattendu, de l'excitant, de l'émotion, de la passion et même un peu d'étrange : bref, du talent... Et comme s'ajoute à cela un séduisant casting (Toby Jones est exceptionnel, les autres comédiens étant par ailleurs parfaitement choisis physiquement), pas grand-chose à ajouter, si ce n'est que l'œuvre restera certainement comme l'un de mes coups de cœur de l'année. Belle réussite.