Après avoir débuté comme co-scénariste de Tarkovski pour ses premiers films, Andreï Kontchalovski faisait en 1964 des débuts remarqués à la réalisation avec un magnifique Premier Maître qui racontait les pérégrinations d’un jeune instituteur soviétique envoyé en Kirghizie pour y croiser, subrepticement, les plus jolies fesses de la création…
A l’issu d’une improbable évolution de carrière, le grand frère de Nikita Mikhalkov passe à l’Ouest, dirige Mitchum dans Maria’s Lovers, remplace Kurosawa sur Runaway Train et se retrouve associé à jamais au générique d’un des plus grands nanars de 1989, même si une rumeur persistante voudrait qu’un Albert Magnoli non crédité soit responsable de la merveille.
Tango et Cash, Cash et Tango, deux super-flics de L.A. qui mènent la vie dure aux truands de toutes sortes chacun dans son quartier, Ray Tango chez les richards, entre deux cours de bourde, avec costard de luxe et petites lunettes et Gabe Cash chez les prolos en plus décontracté et avec la nuque longue de rigueur…
A un moment, Jack Palance, le big boss des méchants il en a marre alors il décide de piéger ces deux empêcheurs de trafiquer des ronds. Pour ça il a Brion James, son fidèle et répugnant second au catogan légendaire et nul doute que nos deux amis vont en prendre pour leurs grades…
C’est une sorte de mélange bâtard absolument indécent où l’on retrouve pêle-mêle les bases du buddy-cop-movie, les codes du film de prison avec prisonniers au pouvoir très à la mode pendant deux ans, entre Haute sécurité que Stallone termine à peine et Coups pour coups qui sortira l’année suivante et le grand n’importe quoi généralisé avec gadgets idiots proposés par le dégénéré de Bonnie and Clyde et monstro-trucks superfétatoires.
Ne nous leurrons pas, le film ne tient qu’à un petit fil électrique qui est son duo de choc et pour cela, nous sommes servis.
On se rend bien compte par deux ou trois scènes en plus que le film est bâti autour de Stallone mais ce dernier à l’habileté de laisser humblement à Kurt Russell le rôle du mec cool pour s’offrir un rôle de semi-composition en type guindé qui ridiculise au passage son Rambo fétiche. En face de lui, Kurt est égal à lui-même, c’est-à-dire vulgaire, affreusement porcin, terriblement crade et complètement indispensable. L’imagination frémit en sachant que le casting original prévoyait Patrick Swayze pour le rôle, c’est vous dire que le film ne tient pas à grand-chose…
Monstrueusement bodybuildés, nos deux héros passent leur temps à s’envoyer des vannes et à s’exhiber le plus possible à demi nu en étant en permanence interrompus juste avant le rapprochement final de leurs deux corps luisants dans un raccourci métonymique qui ne trompera personne…
Pour détourner l’attention on insère ici une jeune strip-teaseuse, Teri Hatcher qui servira surtout à simuler le coït et à apprendre à Cash quelle est sa vraie part de féminité…
La première partie du film est assez réjouissante, la présentation est bien menée, nous sommes en terrain connu, mais le plaisir est là. Je suis moins convaincu par le passage en prison mais heureusement, les scènes suivant l’évasion valent le détour pour tout amateur de vulgos 80’s décomplexé et la musique indémodable qui va avec…
Et puis sur la fin, ce n’est même plus défendable, les bagarres en camion et à main nue avec les différents boss du niveau ne sont pas justifiables, on se surprend à s’emmerder devant un actionner de base d’une heure trente-cinq et tout cela s’étire laborieusement entre mécanisme d’auto-destruction inepte, fusillades explosives et grand méchant loup ennuyeux…
Heureusement, on repense à la grenade, à l’interrogatoire, à la sortie de la boîte, au massage, on ne peut s’empêcher de trouver Sly presque touchant dans son rôle et Kurt arrive tellement bien à rester Kurt…
Et puis, n’empêche, des films comme ça, c’est triste à dire, mais je regrette presque qu’on ne sache plus en faire…