Tango & Cash, c’est ce genre de film que tout le monde connait, qui a eu droit à moult rediffusions à la télévision, qui est sorti sur tous les supports possibles et imaginables. En un mot comme en cent, un classique du cinéma. Un classique peut-être, mais qui pourtant à sa sortie n’a pas fait l’unanimité, ayant même eu un grand mal à se rentabiliser en salles, rapport péniblement 63.5M$ à travers le monde pour 55M$ de budget. Bien entendu, il se rattrapera par la suite dans les vidéoclubs et les ventes de VHS, mais le film a clairement divisé, aussi bien les critiques que les spectateurs. 35 ans après sa sortie, qu’en est-il ? Parce que je garde un bon souvenir du premier visionnage au début des années 90, mais je ne l’avais pas revu depuis. Eh bien Tango & Cash fait partie de ces films qui n’auront pas supporté un deuxième visionnage, qui aurait dû rester dans les souvenirs comme un film très sympa car en l’état, ce n’était pas folichon.


La production du film a très rapidement connu un certain nombre de problèmes. Patrick Swayze (Dirty Dancing) devait interpréter le rôle de Cash au départ mais s’est désisté au dernier moment, préférant aller voir du côté de Road House (1989). Le réalisateur Andrey Konchalovskiy (Runaway Train) s’est fait remercier après le tournage des principales scènes parce qu’il voulait donner un ton plus sérieux au film et que ce n’est pas ce que souhaitaient les producteurs qui voulaient surfer sur la vague comédie policière popularisée par le gros succès de L’Arme Fatale. Pendant qu’il tournait ces scènes, le scénario n’était même pas achevé, au point que personne ne savait réellement où le film allait. Sylvester Stallone, qui aimait bien dans les années 80 contrôler beaucoup de choses sur ses films, a fait renvoyer le premier directeur de la photographie, Barry Sonnenfield, suite à quelques différents. Jeffrey Boam, qui avait travaillé sur les deux premiers L’Arme Fatale, a été appelé à la rescousse pour réécrire le scénario durant cette production mouvementée mais comme il n’aimait ni ce qu’il avait écrit, ni le film en lui-même, il a refusé d’apparaitre au générique et a quitté le projet. Et comme ça ne suffisait pas, le budget du film a explosé, plus de 20 millions de dollars ont dû être réinjectés, et il a dû être entièrement remonté par Stuart Baird juste avant sa sortie. Pourtant, Sylvester Stallone avait mis de grands espoirs dans Tango & Cash, dans lequel il changeait un peu de registre, laissant tomber ses personnages de gros bourrins pour quelque chose de plus nuancé, allant même jusqu’à balancer le temps d’une ligne de dialogue un magnifique « Rambo, c’est une pédale ! ». Quelque chose de plus léger que Rocky, Rambo, Over The Top, Haute Sécurité et autres Cobra puisque nous sommes ici dans une comédie policière. Une comédie policière avec un côté certes assez bourrin, mais une comédie policière quand même puisque ce côté bourrin va plus venir du côté de Kurt Russell avec qui il partage la vedette comme son titre l’indique. Autant vous le dire tout de suite, pour qui connait un peu ce genre qui a connu ses heures de gloire dans les années 80 avec les débuts de la saga L’Arme Fatale donc, Le Flic de Beverly Hills ou encore 48h, vous sommes ici en terrain très connu, avec une intrigue prévisible qui va dérouler tout ce qu’on attend.


Les personnages et leur dynamique sont également clichés. Il est une fois de plus question d’un duo de flics que tout oppose, aussi bien les méthodes que leur façon d’être, qui au fur et à mesure que le film avance vont devenir amis. Mais ce classicisme n’est au final pas gênant car ni Sylvester Stallone ni Kurt Russell ne se prennent réellement au sérieux, avec des répliques très funs se moquant souvent d’eux-mêmes ou de l’autre. Ce n’est clairement pas leurs rôles les plus marquants, mais on sent qu’ils s’amusent et au final nous avec car leurs interactions sont clairement ce qu’il y a de plus amusant dans le film. Les antagonistes sont également très sympathiques avec des gueules de cinéma comme on en fait plus. Que ce soit Jack Pallance en grand méchant adepte des rats, Brion James et sa queue de cheval qui nous refait une fois de plus un psychopathe, ou Robert Z’Dar et sa gueule difforme pas possible, nous avons droit ici à une belle brochette de méchants cabotins qui fait sincèrement plaisir à voir. A vrai dire, et contre toute attente, le problème vient plus du côté des scènes d’action qui, à l’exception de la première qui est clairement un hommage au Police Story de Jackie Chan et qui s’en sort bien, ne fonctionnent pas réellement. Ça ne fonctionne pas car Tango & Cash veut en faire trop, à l’image de son final over the top, au point que ça en devient stupide. Bien entendu, surtout à cette époque, il fallait que le final en jette un maximum et devienne mémorable. Mais ici, on tombe dans l’exaspération. Oui, ça fait tout péter, ça explose dans tous les sens, ça balance de la punchline à tout va, mais les plaisanteries finissent par ne plus être amusantes et ce n’est pas parce qu’on met des gros camions et un monster truck pour péter tout le décor que c’est forcément jouissif. D’autant plus qu’Andrey Konchalovskiy filme ça assez mollement, sans grand entrain, comme s’il savait que ses jours sur le plateau étaient comptés. Pour qu’une comédie d‘action soit efficace, il faut que la comédie ET l’action fonctionnent. Tango & Cash ne remplit que la moitié du contrat. Le résultat n’est malgré tout pas désagréable, mais le côté over the top qui en devient stupide de l’action fait clairement défaut au film.


Tango & Cash est un film qui n’a pas forcément bien vieilli. Le côté fun et décomplexé des personnages remporte toujours l’adhésion, mais le film pêche clairement dans sa partie action qui ne fonctionne qu’à de rares occasions. Dans le genre, il y a clairement mieux.


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-tango-cash-de-andrey-konchalovskiy-1989/

cherycok
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le 22 août 2024

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