Camp Américain d’Hawaï en 1941. Traumatisé d’avoir handicapé son meilleur ami lors d’un match de boxe, un soldat refuse de reprendre les gants, ce qui lui vaut de vivre l’enfer imposé par son commandant et sa compagnie qui ne vivent que pour leur équipe. Une femme d’officier blessée dans sa chair et son cœur rêve de romance, échappatoire adultérin et divorce. Un sergent clairvoyant, désabusé et impuissant sur l’oisiveté du camp, ses brutalités, ses déliquescences, les pressions injustes et tragiques de cette microsociété, et amant passionné de la femme de son supérieur. Une fille d’origine rurale avide de revanche sociale qui ne souhaite que s’enrichir et épouser un homme de la haute.
Voici les portraits au départ de cette fresque aux aventures affectives entrecroisées, au sein d’un surprenant milieu pour le genre, celui du microcosme d’une base militaire dolente du Pacifique, du moins avant que ne pètent au-dessus de leurs têtes les bombes japonaises. Beau film romantique qui a relativement bien vieilli, dans lequel la guerre n’est qu’un détail final, et surtout précurseur des scenarios sombres, et critiques de l’armée, à une époque d’après-guerre encore très patriote où la morale prévalait. Avec l’indulgence due à cette époque de femmes éternellement victimisées et d’hommes forts et virils, c’est aussi une manière de ressusciter les excellents Montgomery Clift, Deborah Kerr, Burt Lancaster, Dona Reed, Frank Sinatra et Ernest Borgnine dans ce vaudeville noir, passionné et culte de 1953.