16 ans que Todd Field n'avait pas réalisé un film. Pas de problème.
Alors effectivement, mettons les points sur les I : Cate Blanchett. Le Film est porté par une performance aussi incisive que terrifiante. Le début du film s'ouvrant sur trois longues scène ou l'actrice occupe l'espace, on peut déjà dire, après 25 minutes, que le travaille est fait et que les nominations seront au rendez-vous. Le point Cate est fait passons au film.
Un film sur la musique et son monde impitoyable... presque sans musique ? Le film est extrêmement silencieux, ou du moins le bruit est un élément à part entière du film et ce dernier ne vient donc pas interférer aléatoirement avec le récit qui se déroule sous nos yeux. Un récit lent, mais qui raconte la chute d'un personnage construit presque comme une divinité. Le monde admire Tàr, son monde admire Tàr. Et Tàr à conscience de cela. Cheffe d'orchestre avant-gardiste, cette femme de pouvoir ne laisse rien au hasard et une infime place à l'émotion ainsi qu'au ressentiment. C'est pour cela que sa relation avec sa femme est froide, que sa fille l'appelle par son prénom ou encore qu'elle humilie lors d'un cours magistral à la Julliard School de New York un élève émétant qu'il ne peux pas joué la musique d'un compositeur partageant des opinions qu'il considèrent dépassé.
Le talent de Tàr la grise autant qu'elle l'ennui. Car oui, dans le cas de cette femme, ce n'est plus tant de prouvé son talent qui importe, mais d'asseoir un contrôle, que la partition de sa vie sois parfaite. Elle qui pourtant n'a pas choisi la voie la plus simple, être lesbienne dans le monde élitiste de la musique classique n'est il pas rajouté de la difficulté sur le fait d'être déja l'une des rares femme ayant accès au poste tant convoité de chef d'orchestre ? Mais Lydia gère avec brio cette vie, en allant chercher, par passion, la musique à son origine (dans le film il est question d'un voyage au Pérou). Mais cette admiration qu'elle suscite logiquement ne lui suffit elle plus ? Son assistante Francesca, joué par Noémie Merlant, incarne cette fascination malsaine que Tàr provoque. Et elle incarne aussi le revers de médaille que représente la fascination pour des êtres forts et par nature, destructeurs.
Tàr, c'est avant tout l'histoire s'une chute, dans le monde actuel, un monde d'omniscience ou tout ce que l'on fait nous rattrape comme si le silence n'existait plus. Comme si même la mieux joué des partitions ne pouvait pas être parfaite. Le film raconte un personnage construit et déconstruit en 2h40, jusqu'au purgatoire final tantôt cynique, tantôt rassurant. Peut-être devons nous imaginer une rédemption pour se personnage. Mais ça le film à la décence de ne pas nous l'expliqué, de nous laisser seul avec nos sentiments, comme le ferai un thriller noir Fincherien. Un fin expéditive pour un personnage complexe dans une partition parfaitement écrite.