Nan messieurs, on bavaaarde !

Lydia Tár est une chef d’orchestre au sommet de sa prestigieuse carrière. Sauf que derrière son intelligence, ses compétences techniques, et sa capacité à diriger, se cache en réalité une dominatrice des plus toxiques. Qui verra son univers peu à peu s’effriter…

Le thème de la personnalité qui abuse de son pouvoir pour harceler est très à la mode, surtout après #metoo. L’originalité est ici que l’on parle d’une femme, lesbienne qui plus est. Entre ceci et un film qui se veut régulièrement ambigu, certains spectateurs semblent avoir crié au scandale.

Vous tenez un personnage féminin fort, et vous la dépeignez comme une ordure !
Vous ne condamnez pas explicitement ses actions et tous ses propos.

Etc.

Pourtant c’est justement ce qui fait une partie de la richesse du film. Montrer que le danger et les dérives comportementales peuvent venir de n’importe qui. Et montrer que la perversité de quelqu’un n’est pas forcément visible au premier abord. Que cette personne puisse avoir des raisonnements, des motivations, et des actions valables, mais que c’est parfois le geste ou la parole de trop qui révèle sa toxicité.

Toujours est-il que « Tár » ne laisse pour moi aucun doute sur la moralité scabreuse de sa protagoniste. Entre mensonges, manipulations, attraction sexuelle qui obscurcit sa vision professionnelle au détriment des autres, ce personnage, campé par une redoutable Cate Blanchett, subira une chute d’autant plus jouissive.

L’autre richesse du film, c’est sa forme. La mise en scène est très maîtrisée, insistant régulièrement sur des détails qui ont leur importance narrative. Ou se contentant d’une transition ou d’un regard pour exprimer une idée. Je dois avouer que j’apprécie toujours ce type de cinéma, à la narration visuelle, et qui ne prend pas le spectateur pour un idiot.

Toutefois, paradoxalement, le film est long (près de 2h40), sans doute trop pour que ce qu’il raconte. La narration visuelle ne l’empêche pas non plus d’être très bavard. Nos personnages ont des échanges verbeux, voire pompeux, sur leur conception de la musique. Des dizaines de noms de compositeurs et chefs d’orchestre seront ainsi régulièrement balancés à notre figure.

Je ne connais pas grand-chose à la musique classique, j’ignore si cela est pertinent. Toujours est-il que ça a clairement un côté masturbation intellectuelle… mais qui est peut-être voulu. Afin de montrer ces musiciens qui se prennent trop au sérieux (jusqu’à un final absurde !), et qui tournent en vase clos dans leur univers strict et renfermé ?

Redzing
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le 27 sept. 2023

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