"Tarzan, l'homme singe" est, en 1932, le premier film de Tarzan parlant et c'est le premier où apparait Johnny Weissmuller. Ce dernier qui fut un champion olympique de natation jouera encore 11 fois le rôle jusqu'en 1948. J'en ai vu plusieurs mais je suis loin d'avoir tout vu. Je ferai dans la foulée la critique de "Tarzan s'évade" de Thorpe (qui est inclus dans le même DVD).
En faisant le tour sur internet avant de me lancer dans la confection de cet avis, je découvre un truc qui me déçoit un peu à savoir que le fameux cri est issu d'effets spéciaux alors que j'étais persuadé que c'était Weissmuller qui le faisait. D'autant que je me souviens très bien d'un reportage où on voyait l'acteur sortir d'un avion et sur la passerelle, pousser son cri devant les journalistes. Bon, c'est pas lui qui l'a inventé mais il était capable de le faire, c'est pas si mal.
Pour parler de ce film, il convient de le recontextualiser aux années 1930 car bien évidemment, bien des choses ne passeraient plus aujourd'hui à commencer par le racisme latent et la condescendance des "bons" bwanas face à la population locale. Je ne sais pas ce qu'il en est de Van Dyke, le réalisateur, mais j'ose espérer qu'il y a – peut-être - un peu de second degré dans tout ça. Je ne connais pas du tout le roman (Burroughs) (ça doit bien pouvoir se trouver) mais le monde, ici, parait très binaire qu'il s'agisse des hommes ou des animaux. D'un côté, il y a les bons et de l'autre les mauvais. Là où j'ai – un peu – l'impression qu'il y a de la nuance, c'est la présence d'un entre-deux qui est Tarzan. Ou même Jane qui débarque avec ses six grosses cantines de vêtements, qui minaude un peu (avec grâce) jusqu'à ce qu'elle rejoigne le camp de Tarzan.
Une fois qu'on a posé toutes ces brillantes considérations, il reste le plaisir. Le plaisir de voir l'approche de Tarzan vers cet objet inconnu, charmant mais bavard qu'est Jane. Jane qui est rapidement séduite par cette vie en communion totale avec la nature (et Tarzan). Cette nature luxuriante, où on vit perché sur un arbre (en sécurité) ou dans une eau qu'on devine délicieusement chaude, n'est pas exempte d'une poésie que ne désavoueraient pas les écolos d'aujourd'hui. On y est : le mythe de la croissance zéro, de la vie originelle (même si on court à tout instant le risque de se faire bouffer par un lion ou un croco).
Et puis qui ira dire que Johnny Weissmuller n'est pas assorti avec Jane?
Johnny Weissmuller, dont les producteurs avaient exigé que le corps soit parfaitement rasé, a une plastique un peu à couper le souffle. Là, les pectoraux, c'est pas obtenu par de la gonflette, c'est vraiment du dur. Et quand il nage, pardon !
Maureen O'Sullivan est absolument à croquer. Ah on comprend que le Johnny, même rustre de chez rustre, qui voit pour la première fois des blancs, ne s'y est pas trompé. C'est du droit au but. La partie dans l'eau (j'ai failli écrire piscine) est une scène délicieuse dont on ne se lasse pas. Il y a même un petit érotisme de bon aloi que n'approuverait certainement pas le code Hayes (pas encore en vigueur, je crois). Il y a une scène qui a été coupée (par l'arrivée de la mission) mais dont j'aurais été curieux de voir ce qui aurait pu se passer : c'est la scène où Tarzan arrache un bout de barbaque à un animal féroce qu'il vient de tuer pour le porter à Jane qui a faim …
Ensuite, il ne faut peut-être pas trop chercher la petite bête, hein, par exemple, comment Tarzan dispose-t-il d'un splendide couteau même pas rouillé (que seul Rambo en a un plus beau). Ou encore il ne vaut mieux ne pas avoir un regard trop aigu sur les décors ou les images superposées …
"Tarzan l'homme singe" est vraiment le film où il faut profiter de l'aventure et des deux acteurs sans se prendre la tête. Pour ça, il importe de retrouver son âme d'enfant ou d'adolescent et de rêver à l'impossible vie loin de toutes contingences et contraintes.
Juste une question (matérialiste) qui me perturbe ! Que sont devenues les 6 énormes cantines de frusques ?