Effectivement, ça sent le manque d'inspiration chez Thorpe. Quand le réalisateur ne copie pas purement et simplement des scènes entières des deux premiers films, il en soustrait aussi tout l'intérêt. Si j'avais du mal à cerner ce que le code Hays produirait plus tard en voyant les deux premiers films, c'est maintenant chose faite puisqu'on ressent clairement son passage.
L'érotisme disparaît entièrement au profit d'un romantisme niais et qui trahit les personnages. O'Sullivan arrive même à en perdre de son charme, devenant une compagne gentillette pour Tarzan, vêtue d'une robe au lieu de son bikini. C'est triste à voir puisque tout son jeu de séductrice et d'aguicheuse disparaît. Il y a aussi cette scène où Jane, alors que Tarzan se penche sur elle avant une transition, lâche une fleur dans l'eau. Symbolisme d'un ridicule assommant.
Heureusement, Weissmuller est là et sauve le film par son caractère toujours aussi impressionnant. Mais alors qu'il conservait son indépendance et son aspect sauvage, il est plus humanisé ici, et on ne comprend pas forcément pourquoi. De même que le singe Cheetah qui s'attaque à d'autres animaux sans raison apparente si ce n'est le fait de chercher à créer de l'aventure dans un film déjà fade et ressemblant à tous les autres. On a aussi le comique de service, qui réussit quand même à attiser la sympathie, mais qui n'apporte rien à l'histoire.
Adieu aussi les scènes impressionnantes de voltige sur les trapèzes, on a ici des scènes rapprochées sur des personnages volants accrochés à une liane. Mais quand je m'intéresse à la production du film, je peux essayer de comprendre un tel résultat, même si évidemment mon ennui et moi-même ne le pardonnons pas. Cinq réalisateurs, quatre scénaristes, deux directeurs artistiques. C'est un gros bazar et ce n'est pas étonnant que ça nous donne ce résultat décevant et clairement pas à la hauteur des premiers films. J'espère que la suite rattrapera cette tache.