Utamaro à tout âge
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Classique récit d'un amour contrarié par le poids de la tradition et l'oppression de l'honneur où la femme va se muer en une veuve noire, tissant toile et répandant venin dans un geste mariant fantastique gothique évoquant Edgar Allan Poe et érotisme nippon rappelant l'art de l'estampe époque Edo.
La transgression est le thème central du film, il y a tout d'abord celle de cette jeune fille de bonne famille promise à un homme digne de son rang qui préfère fuit avec son amant un simple commis du commerce paternel qui lui aussi se faisant commet un acte et même un double acte de transgression, le tout dans un Japon régit par les us et coutumes, qu'on ne saurait violer sans en subir les conséquences, tragiques et dramatiques.
Cherchant refuge auprès de Gonji, ce dernier transgressant à son tour et les règles de l'hospitalité en tentant d'abuser de la jeune fille d'une part et les fondements de l'honneur d'autre part en trompant le père de la jeune fille à qui il a promis de faire entendre raison à sa fille et la ramener au domicile familiale afin d'épouser l'homme qui lui est promis alors que face au refus de celle-ci de répondre à ses avances il l'a déjà vendue à une maison de Geisha.
C'est durant ce séjour, qu'un artiste fasciné par la peau et la beauté de cette fille à la beauté fascinante, lui tatouera dans le dos une araignée à visage de femme, dès lors la jeune femme n'aura de cesse d'assouvir un désir de vengeance en particulier envers la gente masculine, là encore la transgression est évidente, il y a celle gravée dans la peau sous la forme de ce tatouage symbole au pays du soleil levant, d'une appartenance à des milieux peu respectables - encore aujourd'hui dans un Japon pourtant moderne et libéré de pas mal de ses freins culturels ancestraux le tatouage est très mal vu - encré sur cette peau féminine et enfin la transgression suprême d'une femme qui par ce biais inattendu s'émancipe de la dominance patriarcale.
Mais comme un dernier avertissement, ce désir de vengeance qui semble nourri par la figure de cette araignée finit par confiner à une forme de possession surnaturelle vouée par nature à alimenter une destinée tragique.
Obsédant en tout le film est d'une plastique irradiante, vénéneuse, et fut pour moi un véritable plaisir de visionnage qui restera longtemps imprimé sur mes rétines et dont je ne fais ici qu'effleurer les nombreuses symboliques évidentes ou plus subtiles dont il dégorge sans jamais se faire piéger par une toile de soie arachnide qui le rendrait indigeste et qui vous poussera, j'espère, à découvrir ce film japonais chef d'œuvre plus méconnu que les grands classiques venus de ce pays dont le cinéma ne cesse de me passionner et de m'intriguer au fur et à mesure que je le découvre.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Ma collection personnelle par ordre chronologique, Les meilleurs films de 1966, MON ANNEE 2023 EN CINEMA, FILMS VUS POUR LA PREMIERE FOIS CETTE ANNEE. et Watzefuk !
Créée
le 11 juil. 2023
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