Tau est un thriller psychologique à huis-clos et à petit budget made in Netflix où une jeune femme enlevée par un magnat des nouvelles technologies doit faire ami-ami avec une IA afin de s’échapper —vous avez dit Ex-Machina à l’envers ?—.
C’est une équipe novice qui est aux manettes, le premier long métrage de Federico D'Alessandro à la réalisation et Noga Landau au scénario.
La réalisation est très esthétique, avec un soin méticuleux apporté aux lumières et aux couleurs, en particulier sur une opposition bleu/rouge —et plus rarement des tons neutres variant du gris au taupe en passant par le beige—. Ce n’est guère étonnant, car D’Alessandro est à l’origine un designer/storyboarder, qui a en particulier travaillé pour Marvel. Et quand on bosse autant ses couleurs, c’est qu’il y a une symbolique derrière. Ainsi, le bleu représente la sphère d’influence d’Alex, le kidnappeur, tandis que le rouge correspond à celle de Julia. Pratique pour souligner les rapports de forces. Occasionnellement, le bleu peut aussi représenter plus généralement le contrôle et le savoir, et le rouge la rébellion et le chaos : les caractéristiques d'Alex et Julia respectivement.
Fait intéressant, Tau est dès le début représenté en rouge, couleur de Julia, ce qui présage de leur relation et l’oppose à Alex, dont il est également le prisonnier.
Le scénario est classique, sans grande prise de risque mais pas mauvais. Par contre, on sent l’inexpérience de Landau au travers des dialogues, souvent assez simplistes, pas très subtils. C’est le cas en particulier lors des échanges Tau/Julia. De même, le personnage d'Alex est un peu cliché. On reste loin de la profondeur d’un Ex-Machina ou d’un Her.
Les acteurs sont peu connus, à l’exception de Gary Oldman qui prête sa voix à Tau (!), mais font très bien le job. D'autre part, si la musique d’ambiance est dans l’ensemble efficace, on a quand même le droit à quelques “séquences émotions” à la truelle.
Bref, Tau est un premier film sympathique mais maladroit dans son écriture. Un premier film, quoi. Il vaut le détour pour son esthétique, mais on préférera dans le même thème les excellents et profonds Her et Ex-Machina.