Inutile de crier au loup, Teddy, de Ludovic et Zoran Boukharma a tout ce qu'il faut pour devenir un film culte. Son mélange d'hémoglobine et d'humour parfois grossier, dans une histoire ancrée dans un petit village pyrénéen colle parfaitement à la culture mélangée des deux frères cinéastes, capables d'aimer à la fois Steven Spielberg et Bruno Dumont. La mise en scène est plus que correcte, suffisamment gore pour attirer les amateurs, mais pas trop quand même pour ne pas effrayer les autres, plus sensibles au côté teen-movie riche en symbolique, dès lors que le lycanthrope est un adolescent marginal et rebelle (Anthony Bajon, excellent), détesté par la communauté au même titre que le loup qui égorge les brebis. Le film ne fait de cadeau à aucun de ses personnages, et c'est un peu là où le bât blesse, dans le sens où on a parfois le sentiment d'avoir à faire à une suite de caricatures (la petite amie stupide, le gendarme à fort accent, la masseuse libidineuse). L'objectif est de faire rire en se moquant, évidemment, mais on a la fâcheuse impression de rire contre et non avec les différents personnages. Seule l'ultime scène, tragique mais touchante, montre un brin de compassion. Film de genre, par excellence, Teddy plaira à certains publics et pas à d'autres, ce n'est pas bien grave. C'est un projet qu'on a le droit de ne pas trouver totalement concluant mais qui a eu le mérite d'être tenté dans un cinéma français trop compartimenté et qui se caractérise rarement par sa prise de risques.