Teddy me faisait de l'oeil depuis un bon moment et j'avais plus que hâte de découvrir ce film de genre français, entre satire rurale, chronique adolescente et suspense horrifique. Dans un petit village, à l'aube des vacances d'été, un jeune homme grande gueule à la répartie piquante et je m'en-foutiste passe son temps entre le salon de massage où il travaille et chez sa petite copine. Lors d'un soir de pleine lune, il est mordu par une mystérieuse bête dans la forêt, réveillant en lui des pulsions animales ainsi que d'étranges symptômes physiques... La mise en scène d'un mythe aussi populaire peut s'avérer risqué, surtout avec un budget de film d'auteur français. En effet, on attend le monstre au tournant et on se demande à quelle sauce on va être mangé. Mais le défi de ce second long-métrage des frères Ludovic Boukherma et Zoran Boukherma est largement relevé grâce à un ton singulier, brut de décoffrage et blagueur. Teddy ne prétend jamais faire plus qu'il ne peut et se contente de rester simple et authentique, ce qui permet au fantastique et à l'épouvante de s'incruster de façon déroutante. La montée en tension est progressive. La maitrise des détails participe à l'atmosphère hybride tantôt angoissante, tantôt plus légère, constituant alors un mélange des genres atypique dans la sphère du cinéma français. Se pose également la question de l'exclusion sociale et du manque de perspectives en milieu rural avec ce personnage déscolarisé et sans diplôme, livré à lui-même face à ses doutes. C'est plutôt malin car cumulé à la pudeur des effets visuels, un drame plus lourd se profile avec les thèmes du terrorisme, de la folie et de la radicalisation en toile de fond. La dernière scène est pour moi, glaçante de réalisme. Bien sûr, on peut se passer de cette double lecture, mais ça serait selon moi passer à côté de l'inventivité et de l'intelligence du scénario... Car oui, si on s'en tient qu'aux faits fantastiques, il peut s'avérer assez prévisible dans son évolution. Le gros coup de coeur de Teddy, c'est son interprète Anthony Bajon qui signe ici son meilleur rôle ! Il s'éclate à fond avec ce personnage d'ado en crise, les répliques à l'humour noir fusent et il fait bien flipper par moment. Noémie Lvovsky s'amuse elle aussi comme une folle dans ce rôle dévergondé. J'ai vraiment apprécié que la plupart des second rôles soient campés par des non-professionnels, qui, étonnement, sont tous très justes. Ça donne tout de suite une dimension sociale et curieuse à l'ensemble. C'est un beau film, imparfait mais sincère, cruel et connecté au réel.