Téhéran Tabou, c’est le portrait au vitriol d’une société que semble vomir son réalisateur. Ce dégoût prend ici des atours pourtant extrêmement gracieux :la rotoscopie et la colorisation, superbes, sont les contrastes nécessaires à cette vision extrêmement noire d’une humanité perdue entre misère sociale et sexuelle. On est loin de la vision, certes sans doute aussi réelle, mais plus modérée, d’un Asghar Farhadi. Le jusqu’au-boutisme de Ali Soozandeh en rebutera à cet égard plus d’un, mais l’humour grinçant dissimulé ici et là par petites touches nous aide à trouver la distance nécessaire pour ingurgiter cet bol de bile. Téhéran Tabou a la beauté du Diable et la ténacité d’un cauchemar éveillé.