Les arcanes de la politique américaine, sous l’œil du réalisateur d'Autopsie d'un meurtre, ça donne Tempête à Washington qui, sans aucun manichéisme, présente une galerie de personnages faisant partie des hautes sphères du Pouvoir, en particulier celui du Sénat, joué par un casting royal.
Henry Fonda, que l'on voit finalement peu et uniquement dans la première partie, l'air affable, mais loin d'être dénué d'ambiguïté en choix controversé pour un poste de secrétaire d'État, Walter Pidgeon, en chef de la majorité au sénat respectueux, Franchot Tone, en président cacochyme, Lew Ayres, en vice-président (à une époque où on pouvait encore croiser un vice-président dans un vol civil !), aussi enchanté à l'idée de passer au grade suprême qu'un coureur du Tour de France de pédaler sans dopage, on peut ajouter aussi Peter Lawford, Burgess Meredith, Don Murray, la présence féminine de charme qu'est la sublime Gene Tierney... Ça donne franchement envie... Mais celui qui domine incontestablement le film, c'est le monstrueusement charismatique Charles Laughton, magistral en vieux sénateur rusé et aguerri, dans ce qui est malheureusement son tout dernier tour de piste.
Les mouvements de caméra souples et élégants très caractéristiques d'Otto Preminger font acte de présence et le tournage en extérieurs à Washington, D.C. ajoute une grosse dose d'authenticité. Niveau histoire, coups tordus, chantage, révélation d'un passé qui aurait dû rester secret (par exemple, une liaison homosexuelle à une époque où l'homosexualité était encore considérée comme une tare !), fantôme du maccarthysme, voici le lot des plus de deux heures d'un film, auquel on peut juste reprocher quelques petites longueurs, qui est autant un drame humain qu'un drame politique, s'achevant sur un final ironique.