Imaginez un instant que vous sortiez de chez vous un beau matin pluvieux. Sauf qu'au lieu de recevoir quelques gouttes de flotte sur le museau, vous vous mangez carrément un burger géant sur le coin de la tronche. C'est exactement ce que propose Tempête de boulettes géantes, adaptation du livre pour enfants de Judi et Ron Barrett.
Réalisé par Phil Lord et Chris Miller, duo plus tard aux commandes du "awesome" La grande aventure Lego, Tempête de boulettes géantes est une adorable petite fable complètement frappadingue, un pur concentré de délire et de folie qui fait un bien fou. D'une inventivité constante, le film carbure à cent à l'heure et ne fléchira pas pendant une heure et demie, proposant un spectacle grandiose et totalement barré.
Le style graphique très particulier pourra en rebuter quelques uns, mais l'animation en elle-même est impeccable et le film est une réussite formelle et narrative indéniable. Frénétique et rythmé à la perfection, ultra-spectaculaire quand il vire au film catastrophe, il prend cependant le temps de creuser des personnages attachants, qu'il s'agisse du héros dingo ou des seconds rôles hauts en couleur.
Mais derrière la déconnade, Tempête de boulettes géantes est avant tout un divertissement familial étonnamment subversif, flinguant avec un bel entrain notre société moderne. Le film dégomme tour à tour le culte de l'apparence, la course à l'audimat, les mignons chatons et surtout, pointe sévèrement du doigt notre surconsommation suicidaire et notre tendance à nous torcher bien profond avec nos responsabilités. Le sacro-saint rêve américain en prend même un sacré coup, notamment lorsque le caméraman d'une chaîne minable lance avec sarcasme: "Au Guatemala j'étais médecin. Je suis venu ici pour avoir une vie meilleure. J'ai été inspiré.".
Tour à tour drôle, délirant, acerbe ou tout simplement fun, Tempête de boulettes géantes est un feel-good movie en puissance, un joyeux délire loin d'être con et qui, pour une fois, devrait autant ravir les parents que les bouffeurs de crottes de nez.