Je suis allé voir Tempête de boulettes géantes en me posant deux questions.
La première était : est-ce que ça va être drôle ?
La deuxième était : est-ce qu'il va y avoir un fond de morale anti-malbouffe et habitudes alimentaires désastreuses des Américains ?

C'est drôle, mais ça aurait pu l'être plus :
Tempête de boulettes géantes est l'adaptation d'un livre pour enfants signé Judi Barrett, Cloudy With a Chance of Meatballs, écrit en 1978. De ce que j'ai compris de l'histoire racontée dans le livre (je ne l'ai pas lu), l'adaptation cinématographique par Phil Lord et Chris Miller est très libre.
On trouve dans le film d'animation un jeune scientifique maladroit, bien que définitivement génial, qui produit catastrophes sur catastrophes dans sa ville natale de Chewandswallow[1]. Cette dernière se trouve sur une île vivant exclusivement de la pêche de la sardine. Or, la sardine, ce n'est pas bon ! Lorsque le monde s'en rend compte, c'est la catastrophe. Plus personne ne veut des sardines de Chewandswallow. Les habitants sont donc condamnés à en manger éternellement pour vivre. Or, le Maire, doté d'une ambition démesurée, veut changer la face de la ville et ouvrir un parc d'attraction ayant évidemment la sardine comme thème...
Toutefois, Flint Lockwood, le jeune scientifique, a trouvé la solution. Il a inventé une machine permettant de transformer l'eau en nourriture. Mais évidemment, au moment du test, les choses ne se déroulent pas comme prévu. L'appareil s'élance vers le ciel et y reste. Il fait alors pleuvoir de la nourriture sur la ville. C'est un succès complet, les habitants de Chewandswallow sont ravis. Flint pouvant contrôler l'appareil à distance, il va satisfaire les demandes du Maire, qui veut toujours plus de nourriture, et surtout lancer un tourisme de masse en exploitant le phénomène. Quand la machine se détraque, la tempête de nourriture éclate...

L'idée de base du film est franchement bonne. C'est un prétexte à développer de nombreux gags, ce que les réalisateurs, il faut bien l'avouer, font plutôt mal. En fait, ils ont tellement d'idées à exploiter qu'ils les enchaînent à un rythme effréné, en les survolant. Le scénario aurait gagné en qualité, en humour, par le développement de certaines situations et en en supprimant d'autres – à regret peut-être. Ainsi, on passe très vite sur l'enfance de Flint, puis encore plus vite sur le test du transformateur de nourriture en eau. Les gags s'enchaînent ensuite, l'un chassant l'autre sans laisser le temps au spectateur de l'apprécier complètement. Résultat : on sourit, mais on ne rigole pas franchement[2].

Cela dit, Tempête de boulettes géantes et plaisant à regarder.On passe un bon moment devant le film.

Loin de l'idée des réalisateurs que de sermonner le public :
Ce qui est flagrant en regardant Tempête de boulettes géantes, c'est que trop de bouffe tue la bouffe. Il y a des moments où on est vraiment dégoûté de toute cette nourriture à l'écran. On pouvait s'y attendre. Du coup, interrogation : est-ce que les réalisateurs, en loucedé, ne critiquerait pas les habitudes alimentaires des Américains ?
Réponse : non. Ou si peu.
Ok, à un moment un enfant est en coma alimentaire ; Ok, le Maire devient énorme et sa gloutonnerie est le vrai moteur des catastrophes qui s'abattent sur Chewandswallow. Mais finalement, à aucun moment on n'entend de critique particulière vis-à-vis de la nourriture. Les réalisateurs préfèrent s'attarder sur l'idée qu'il faut être soi-même, tout nerd qu'on soit, qu'il faut s'entraider, et caetera. Du rabâché classique de films d'animations pour très large public.
Lord et Miller sont passés très très loin des possibilités de l'idée de base du film. Andrew Stanton, le réalisateur de Wall-E, a fait bien mieux, dans un film qui avait un thème tout autre, avec ses passagers de l'Axiom gonflés par le manque d'exercice et l'ingurgitation de nourriture à longueur de journée.

Les deux réalisateurs de Tempête de boulettes géantes signent donc un film qui aurait pu être hilarant, mais qui n'est finalement que rigolo. Il aurait également mérité d'être légèrement incisif – de façon dissimulée, nous sommes dans une comédie – vis-à-vis du rapport à la nourriture dans notre société.


[1] Littéralement : mâche et avale.
[2] Autre hypothèse : les humoristes qui ont travaillé sur le projet ne sont pas bons.
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le 17 déc. 2010

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