Dario Argento revient au giallo plus standard, après deux films d'horreur pleinement ancrés dans le fantastique. Cette fois, nous suivons un auteur à succès en tournée à Rome, qui se retrouve mêlé à une série de tueries proches de ses romans.

Au-delà du fait que le réalisateur retrouve son genre de prédilection, "Tenebre" est un film très personnel. Non seulement Dario Argento s'est inspiré d'une expérience malencontreuse pour l'écriture (un "fan" qui l'a harcelé au téléphone alors qu'il était à Los Angeles). Mais le personnage de l'auteur Peter Neal est une sorte projection de lui-même.

Dans le film, le romancier est accusé d'être misogyne, sadique, tourmenté... soit des critiques formulées à l'encontre de Dario Argento par le passé. Le réalisateur s'en amuse, se jouant de ses critiques pour faire de son film un joli pied-de-nez.

"Non, mon protagoniste n'est pas misogyne, il tue juste ses ennemis. Et oui c'est un sadique tourmenté. Et alors ?"

Le film se veut également progressiste, se moquant des conservateurs. Ou abordant frontalement certaines thématiques encore peu traitées explicitement au cinéma, telle que l'homosexualité.

Certes, l'intrigue policière est limitée, le scénario préférant accumuler les meurtres sordides. Et le jeu des acteurs s'avérant léger, si ce n'est la sculpturale distribution féminine qui aguichera le spectateur masculin. Mais une fois de plus, Dario Argento est très fort sur la technique et l'ambiance.

Les exécutions sont graphiques et saillantes à souhait, jusqu'à un dernier quart d'heure bien sanguinolent. La caméra se déplace élégamment (dont ce traveling génial autour d'un duplex). La BO des musiciens des Golbin, mêlant rock et disco, fonctionne bien.

Tandis que le réalisateur a choisi des lieux modernes et design, n'exploitant jamais de décors classiques de Rome. A vrai dire, Dario Argento prétend même en interview qu'il s'agirait d'un film de science fiction (!), se déroulant dans un futur proche où une partie de la population a été anéantie (!!), ceci expliquant certains lieu vides et l'absence de décors historiques (!!!).

Enfin, je dois avouer que j'ai davantage apprécié "Tenebre" à mon deuxième visionnage. Outre le fait que j'ai pu voir le film cette fois dans une très belle version restaurée en full HD, j'ai pu noté quelques points amusants qui nous prépare au twist du film.

Dont ce plan qui apparait au départ totalement gratuit : deux machines à écrire, et la caméra qui se focalise sur une pointe éclairée. Les deux machines symbolisant en fait les deux assassins, et le fait que l'art peut tuer. La pointe représentant la transition entre les deux tueurs, l'un s'apprêtant à prendre le pas sur l'autre !

Comme quoi, même après la mode du giallo, l'un de ses maître en avait encore largement sous le capot.

Redzing
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le 8 août 2023

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