Il fut une époque où Roberta Findlay était une sorte de prêtresse du cinéma underground, spécialisée dans les films d'exploitation et de sexploitation. Considérée aujourd'hui comme l'une des pionnières du cinéma pornographique (elle a commencé à coréaliser des films BDSM à l'âge de 16 ans), elle produit sa première œuvre hardcore en solo en 1971, The Altar of Lust, qui relate une séance de psychothérapie où une patiente dévoile à son médecin, flashbacks à l'appui, son attirance pour les femmes. Du X féministe où Roberta assure avec talent une photographie créative et une mise en scène sophistiquée. À partir des années 1980, elle se recycle comme réalisatrice de commandes, en livrant le plus souvent des films d'horreur pour le marché de la VHS. Dans le lot, ce fameux Tenement, édité chez nous sous le titre de Game of Survival, qui se déroule dans le South Bronx, quartier alors dominé par les gangs où Roberta a grandi et qu'elle connaît sur le bout des doigts. Sous sa férule, l’œuvre devient véritablement brutale, barbare et vicieuse, en totale corrélation, selon elle, avec ses souvenirs d'enfance.
1985. Une bande de toxicomanes squatte le sous-sol d'un immeuble et se voit dénoncée à la police par l'un des locataires. Arrêté puis rapidement relâché, le gang décide de se venger en prenant l'immeuble d'assaut afin de torturer et tuer tous les occupants, étage après étage. Viols, sévices et meurtres totalement gratuits se succèdent avec frénésie jusqu'à ce que les locataires s'organisent pour affronter leurs assaillants dans un déchaînement de violence...
En l'état, on pense bien évidemment à des home invasions tels que La Nuit Des Morts-Vivants, Assaut ou La Colline À Des Yeux. Ou encore au Jeu De La Mort avec Bruce Lee, où ce dernier doit livrer un combat à chaque étage d'une villa pour accéder au sommet de celle-ci. Mais aussi, en moins invasif, au Teenage Gang Debs, réalisé en 1966 par Sande N. Johnsen, qui démontre que le quartier du Bronx était déjà sous l'emprise de gangs ultra violents, avides de viols et de meurtres. Avec les moyens du bord (équipe réduite, acteurs amateurs, dont la femme du capitaine de police du quartier où se déroula le tournage et qui permit à l'équipe d'être protégée des gangs), Roberta Findlay conduit son projet dans un vieil immeuble du Bronx avant sa rénovation. Réaliste quant aux décors et la photographie, elle réalise certainement ici l'un de ses meilleurs films qui se vit attribué un X par les censeurs face à sa violence crue et perverse. Peu importe, au final, le manque de moyen, que certains comédiens surjouent et que quelques perches et autres micros apparaissent parfois dans le champ. Ici, c'est l'atmosphère qui prime et elle reste suffocante, voire extrême, tout au long d'une œuvre fiévreuse et dégénérée. Pour public (très) averti, donc.