Lorsque Clémence Poésy lâchera au début du film cette phrase, le spectateur sourira et saura. Il sait qu'il est face à un Nolan qui a déjà prouvé sa capacité à nous retourner le cerveau. Mais avec Tenet, le niveau est dépassé et à l'instar du personnage campé par le très charismatique et désormais confirmé John David Washington, mieux vaut suivre les indications.


"Ne cherchez pas à comprendre... mais ressentez-le."

Ressentir, ça aussi, le spectateur saura le faire. Ressentir du frisson face à ces incroyables scènes d'actions filmées d'une manière saisissante. Et la sensation ne peut être que plus belle lorsque la magnifique qualité d'image et la qualité du son tout simplement dantesque sont offertes par la technologie IMAX. Nolan joue avec le temps dans Tenet, et ainsi bon nombre de scènes d'actions comportent cet aspect-là, et c'est remarquable tout comme déroutant. Puisqu'en effet, le frisson se mêle au questionnement constant face au scénario, qui plus que jamais, à travers celui-ci, permettra d'affirmer le talent d'écriture monstrueux de Nolan.


Inception était complexe, mais plus on y repense, plus on se rend compte qu'il reste abordable. Interstellar, et sa fin, relevait le niveau encore plus haut, mais avec Tenet, on a dépassé la limite. Ce qui pourra évidemment énerver un bon nombre de personnes. Mais si on accepte cette difficulté, on se laisse absorber par le film. Cela se ressent avec les dialogues pointilleux, et qui en disent beaucoup sans trop en dire, comme si l'on est censé comprendre de quoi les personnages parlent. Ou encore ce montage très rapide, où l'on passe parfois d'une scène à une autre (voire d'un pays à un autre) le temps d'un clignotement d'œil.


Mais je pense que si un film aussi complexe soit-il arrive à captiver à travers des scènes incroyables et un casting luxueux, alors on ne peut qu'adhérer, d'autant plus lorsqu'il est mis en scène par un nom tel que Nolan. Savoir où il arrive à puiser ses idées est un mystère. En à peine 10 films, il s'impose comme l'un des plus grands à chaque fois, en nous offrant un spectacle grandiose servant de cadre à un scénario toujours plus mystérieux, riche en lectures et jouant avec le temps.


Le temps est bien au cœur du scénario. Mais que raconte le film ? Spoiler serait une erreur, mais surtout... difficile ! Déjà, faut-il comprendre l'entièreté des enjeux du film, mais aussi, on ne peut rien dire de l'histoire mise à part qu'il s'agit d'un homme qui tente d'empêcher une guerre mondiale sur fond d'armes et de nouvelles technologies. Et plus le récit avance, plus (et c'est là que tout le talent est démontré) certaines images et scènes parfois anodines, ou simple regard d'un des personnages, trouvent leur sens.


C'est captivant de voir que Nolan a réussi à réaliser un film qui mêle science-fiction et action tout en restant crédible, non pas par rapport à la réalité, évidemment, mais par rapport au film lui-même.


L'action, reparlons-en. Elle n'est pas omniprésente, mais elle offre de grosses scènes qui n'ont rien à envier aux James Bond ou aux Mission Impossible, le tout accompagné d'une incroyable bande originale (malgré l'absence de Zimmer). Elles sont orchestrées à la perfection. Et c'est là où on reconnaît un vrai blockbuster d'auteur, lorsque la complexité du scénario oblige à mêler celui-ci aux scènes d'actions, et c'est évidemment le cas ici.


D'ailleurs, je crois que Nolan est le réalisateur à qui le terme de blockbuster d'auteur colle le mieux. Les scènes à Oslo sont dingues, tout comme les scènes finales, qui montrent d'ailleurs, à l'instar de Dunkerque, que filmer des scènes de guerre n'est pas compliqué pour Nolan.


Enfin, le casting est parfait. Washington (un espion au charisme fort, reste à se demander maintenant s'il a de quoi être un bon James Bond) forme avec Pattinson (finalement plus que convaincant, même lors des scènes d'actions, mais ça, The Batman le confirmera puisque le premier teaser a fait taire une bonne partie des détracteurs, la faute aux infâmes Twilight, mais le débat de savoir qu'il est un vrai acteur est clôt depuis des années) un duo très cool à suivre. Debicki joue parfaitement bien, mais mention spéciale au génialissime Kenneth Branagh, méconnaissable (non pas physiquement), et qui pourtant, on dirait que le jouer un méchant tel qu'il est là a toujours été le cas. Enfin, les seconds rôles sont de qualité, et quel plaisir de revoir Caine, ne serait-ce que pour une scène.


On ne dira rien de plus pour éviter de trop en dévoiler, si ce n'est que Tenet confirme une fois encore le talent monstrueux de Nolan, qui offre un film sensationnel, aux incroyables scènes d'actions mises en scène et filmées de manière saisissante, et le tout autour d'un scénario complexe au possible et qui, malgré qu'il nous perde totalement, nous fait ressentir une joie. La joie, déjà, de retourner au cinéma avec ce film qui, je l'espère, sauvera les salles. Le découvrir sur petit écran serait tout de suite moins intéressant. Bref, comme le dit Poésy dans le film :


"Ne cherchez pas à comprendre. Ressentez-le."


Lorsque j'ai entendu cette phrase, je savais que j'allais appeler ma critique ainsi, quoi de plus logique que ce message si clair ?


CinAdri, au plaisir.

25/08/20


REVU AU CINÉMA EN VOSTVF : 07/09/20

Deuxième visionnage avec une grosse fatigue qui m'empêcha mon objectif : mieux comprendre le film. J'ai eu quelques éclaircissements, mais toujours aussi complexe, tout en étant aussi impressionnant et bluffant visuellement.

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le 25 août 2020

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CinAdri

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