J'avais été subjugué devant Inception et Interstellar, j’étais ressorti de la salle comme un gamin. Des étoiles plein les mirettes ! Ce côté blockbuster qui permet à Nolan d’allier des moyens faramineux à un aspect plus « intellectuel ». Inutile de préciser qu’il y’a des erreurs, que tout n’est pas parfait, l’ensemble tient la route et les concepts clés (rêve dans le rêve et trou noir / voyage dans l’espace/temps) sont intrinsèquement liés au film. Puis vient l’annonce de Tenet, autant dire que j’étais excité comme un gamin la veille de Noël.
Puis…comment dire…
Pour résumé ce que vous aurez déjà lu mille fois avant ma critique, c'est très impressionnant visuellement mais au niveau du scénario c'est un peu n'importe quoi. James Bond avec une inversion de l'entropie en plus. Plutôt facile.
Le concept d’entropie, pas forcément connu de tous (pour une super intro, lire la nouvelle d’Asimov The Last Question) exprime la dégradation de l’énergie. Le fait que l'entropie soit un sujet peu abordé au cinéma (que j'ai vu, à contrario du voyage dans le temps) donne un peu carte blanche à Nolan. Il décide qu'une inversion de l'entropie fait marcher à reculons tout en avançant dans le temps ? Qui sommes-nous pour le contredire ? Nolan invente ses propres règles. Du coup, comme pour Inception et Interstellar, on a le droit à des scènes explicatives plus ou moins subtiles et plus ou moins claires. Les personnages n'arrêtent pas de dire que c’est l’inversion de l’entropie et pas du voyage dans le temps. Cependant ils utilisent tous les arguments / axiomes de ce dernier. Le paradoxe du grand-père ou qu'il ne faut pas voir ou toucher son "soi non-inversé". Sans être un expert en entropie, c'est vraiment cet aspect qui m'a le plus gêné du film. La guérison de la blessure par balle de Kat était intéressante car en inversant l'entropie (et donc la dégradation de l'énergie) on arrive à concevoir une guérison. C’est cependant une des rares compréhensibles.
La finalité c’est que rien n’est clair et on doit se rabattre sur le conseil de Nolan « Don’t try to understand, try to feel ». C’est osé, mais ça marche. Si on passe outre ce petit détail (qui est tout de même le concept fondamental du film) on peut apprécier les effets visuels qui en découle. Les scènes d’actions sont impressionnantes et l’effet inversé permet de se creuser les méninges pour comprendre la chorégraphie des bagarres ou comment une explosion jouera sur la scène.
J’avais aussi le sentiment étrange de déjà vu pendant toute la projection... Une femme, un marchand d'armes très méchant, des yachts, un fils... Mais oui ! Même l'actrice (Elizabeth Debicki) est la même que dans The Night Manager. De quoi vraiment donner l'impression que sans l'inversion, ce film aurait été une pierre de plus à l'édifice des films d'actions sans grande ambition.
Je finirai cette petite critique en déconseillent vivement à ceux qui ne connaissent pas encore les séances en 4DX. La réalité augmentée ou le "Gerbatron 4DX" essaye de vous plonger encore plus dans le film mais à part un effet sympa (petite soufflette à côté de l'oreille quand une balle frôle un personnage à l'écran) les autres sont désagréables voir un supplice. Dans l'ordre du pire au plus tolérable :
-les fauteuils qui bougent dans tous les sens dès qu'il y'a un peu d’action (les accoudoirs deviennent alors des poignées)
-l’eau qui vous gicle dessus dès qu’il y’a de l’eau à l’écran (bateau, pluie, …) pour ceux avec des lunettes c’est super…
-fumée devant l’écran quand il y’a une bombe (la fumée reste devant l’écran même si le film passe à autre chose)
-souffle d’air chaud pour imiter le souffle d’une explosion
-fauteuil qui se penche en avant pour un zoom et qui se penche en arrière pour un dézoom…
L’idée était louable, mais le rendu m’a plus déconcentré du film qu’autre chose… à éviter pour les prochains films..