Tension à Rock City peut être abordé sous plusieurs angles : celui de la rédemption, éternel thème "westernien", de l'ancien despérado en quête de rachat, hanté par les fantômes du passé ; celui de la petite ville de l'ouest menacée dans sa quiétude par une horde de bandits sauvages, dont l'arrivée va mettre en lumière les caractères et souvent les faiblesses des habitants.
Rien de bien original donc, (même si aujourd'hui les thématiques du western sont un peu oubliées),
du très classique au contraire, mais du classique de bonne facture, réjouissant même à la découverte de ce western totalement méconnu.
Peu après la guerre de sécession Wes Tancred (Richard Egan) tue en duel, Sam Murdock le chef de la bande de brigands dont il fait lui-même partie. La femme de Sam, (fourbe Angie Dickinson...) éconduite par Wes, dénonce alors ce dernier, qui est arrêté et passe à la postérité pour avoir inspiré "La ballade de Wes Tancred", qui l'accuse à tort d'avoir tiré dans le dos de son meilleur ami...
Déshonneur suprême, Wes quitte la ville, bientôt accompagné d'un enfant devenu orphelin après un fâcheux événement. Il doit donc le conduire chez Lorna, sa tante à Table Rock (Rock City en français !??). Lorna est très séduisante, femme d'un shérif (hanté par la peur de ne pas être à la hauteur de sa fonction) et souhaite que Wes (qui se fait désormais appeler Bailey) reste à Rock City pour aider son marshal de mari à débarrasser la ville de cow-boys de passage qui sèment le désordre.
Dès cette rencontre et l'arrivée en ville de l'homme et du garçon, le film va peu à peu devenir un peu plus dramatique, mais également beaucoup plus profond dans son propos. Déjà, parce que Lorna n'est autre que la troublante Dorothy Malone, qui la même année obtiendra un oscar pour son rôle dans "Écrit sur du vent" et surtout apparaîtra, sublime dans "La ronde de L'Aube". Ensuite parce tout est traduit avec élégance, dans la forme (la photo est lumineuse) et dans le fond : les thèmes de la culpabilité, du repentir de l'attirance ne sont pas seulement effleurés, mais font l'objet d'un traitement assez inhabituel dans un western, de même que les scènes avec ces fameux Cow-boys perturbateurs.
Charles Marquis Warren écrivain à l'origine, a publié des nouvelles dans les magazines "pulp" se spécialisant rapidement dans l'histoire du Far West. Grand ami de Budd Boetticher, il écrira par la suite les scénarii de quelques westerns avant de passer à la réalisation. Rien d'étonnant dès lors à voir certaines scènes durant lesquelles les "garçons vachers" convoyant un énorme troupeau se mettent hors-là loi en traversant et saccageant des champs cultivés, pour éviter de faire un détour de plusieurs kilomètres, puis, enivrés cherchent un peu querelle en ville, alors qu'ils sont loin d'être des bandits dans l'âme.
Evidemment, "Tension à Rock City" connait sont lot de scènes de bravoure, de duels, d'amitiés viriles tournées dans les rues poussiéreuses ou dans les saloon. Evidement tout cela fleure bon la nostalgie, mais, tout ceci est agréable en diable...