Avec Terminator, James Cameron réalise son premier film culte, qui aura un succès croissant avec l'apparition de l'édition VHS. La suite fut donc très attendue, et le miracle se produisit : non seulement elle répond aux attentes, mais elle complète et renouvelle la saga, magnifiant ce qu'a lancé le premier film.
Le Jugement Dernier garanti la cohérence de la saga par une construction narrative et stylistique murement réfléchie. Beaucoup de références au premier film, que ce soit des phrases, des réactions, ou même des éléments de la narration. La trame s'apparente énormément à celle de Terminator, avec une alternance de scènes d'actions et d'instants dramatiques qui agrémentent l'histoire. Ce rythme est si soigné que je me risquerai à le comparer à la forme efficace de l'opéra classique, les passages dramatiques étant les récitatifs, et les course-poursuites étant les airs. Cela reflète en effet le savoir-faire maîtrisé et pointilleux de Cameron.
Mais ce second opus parvient à ne pas trop répéter. Il fait évoluer ses personnages : la victime passe de Sarah à John Connor - remarquablement interprété par le très jeune Edward Furlong - Sarah a changé et a gardé son aspect badass acquis à la fin du premier film. Mais le grand coup de génie, c'est d'avoir fait passer Schwarzy du statut d'antagoniste à celui de médiateur. Il a davantage de dialogues dans Le Jugement Dernier, qui bien que concises favorisent l'attachement qu'on lui accorde.
La vision de la machine change, entre les deux films. Le Terminator n'est pas qu'une machine, il devient un être à part entière, qui observe, qui comprend, qui apprend. Toutes ces petites choses qu'il apprend de John, des insultes jusqu'au pouce en l'air qu'il tendra à son dernier souffle, remplissent la coquille vide qu'est ce personnage dans le premier film.
Bien sûr, impossible parler du Jugement Dernier sans évoquer ses effets spéciaux grandiloquents, bien mieux réussis que dans le premier film. Cela dit, en plus d'être cadette de sept ans, cette suite dispose de bien plus de moyens financiers, qui feront de ce second opus le film le plus coûteux, en son temps. Malgré cela, oui, c'est ici bien plus convaincant, que ce soit dans les course-poursuites ou dans les phases de shoot ; même le morphing est encore aujourd'hui largement respectable.
Mais il ne faut pas réduire Terminator 2 à ses capacités budgétaires. Il s'agit à la fois d'un blockbuster, donc film de divertissement, et d'un film d'auteur, en ce sens que Cameron a trouvé une unité de style, qui restera inimitée dans la suite de la saga. C'est également un film ambitieux dans le traitement de la SF dystopique, ce qui en fera un des piliers incontournables de la science-fiction des années 90, aux côtés de films comme Matrix, L'Armée des 12 Singes, Total Recall ou encore Starship Troopers...