L'indéniable succès du premier opus sorti sept ans auparavant ne pouvait empêcher James Cameron de renouveler l’expérience. En effet, Terminator premier du nom aura su marquer les esprits de toute une génération et s'imposer comme une véritable force primale de son genre, occupant à juste titre le panthéon des meilleurs films de science-fiction. De plus, son scénario faisant part d'un potentiel quasi imparable jetait déjà les balises, de quoi élargir et aboutir encore l'univers de la saga. James Cameron dispose donc d'une liberté créative importante, en plus de tenir un budget conséquent afin d'outrepasser une nouvelle fois les limites techniques et visuelles.
Un budget gigantesque de 102 millions de dollars, le plus élevé jamais alloué jusqu'alors dans l'industrie du cinéma, octroie déjà à ce second opus une identité des plus imposante et démesurée. C'est indéniable, James Cameron souhaite aller encore plus loin que son premier film avec des ambitions colossales, en consacrant carrément la moitié de son budget global dans l'élaboration d'effets spéciaux. Ainsi, le résultat visuel de ce second Terminator dépasse toute limite et s'avère être une véritable révolution pour l'époque. En effet, sur une durée de film bien plus conséquente que le premier opus, le métrage additionne les séquences de haute voltige, pour livrer un spectacle des plus décoiffants, un feu d'artifice visuel sans commune mesure, qualifiant ainsi ce Terminator 2 de film techniquement parfait. Preuve à l'appui, au-delà de ces courses-poursuites toujours plus intenses, la séquence d'ouverture, reprenant directement l'introduction de son prédécesseur, est un moment d'immersion d'une puissance inouïe, alimentée de trouvailles techniques ravissant les sens du spectateur. La seule petite déception (pour ma part) reste la brièveté de cette séquence, le film consacrant ensuite la totalité de son contenu à l'époque actuelle.
Côté scénario, James Cameron reprend toutes les notions de son premier film, pour ensuite les approfondir avec grande aisance, à l'image du spectacle visuel permanent, qui orne le métrage. En effet, outre les prouesses techniques qui semblent détruire tout sur leur passage, le réalisateur n'en oublie absolument pas les fondements de l'univers qu'il a créé. Il réside en ce Terminator 2 une cohérence scénaristique des plus réjouissantes, des personnages plus aboutis, à l'image de ce second T-800 plus humain et iconique, le jeune John Connor porté par un Edward Furlong prometteur, une Sarah Connor plus sombre et tiraillée, incarnée à la perfection par Linda Hamilton, et même, dans la version longue, cette magnifique apparition de Kyle Reese, ô combien touchante. James Cameron livre une fascinante réflexion sur les méandres de l'intelligence artificielle et sur le lien parent-enfant. Le modèle T-800 n'en est que le point culminant de toute ces thématiques, la pièce centrale de ces deux sujets pourtant bien distincts. Un lien se crée entre le jeune garçon et le cyborg, ce dernier renforcant l'image d'un père qu'il n'a jamais eu. C'est aussi rendre progressivement humain un être artificiel qui revendique son non choix de décision, hormis celles que constituent sa mission principale. Il n'y a pas à dire, James Cameron ne fait qu'extrapoler les valeurs fondamentales de son premier film, pour en livrer un fresque plus approfondie, sensiblement plus humaine, et rappelle entre autre que la machine, malgré son ascension pharaonique et destructrice, ne reste qu'une création de l'Homme, qu'il n'a su par la suite maîtriser.
Terminator 2 : Le Jugement dernier est donc le fruit mûr d'une saga fascinante, qui n'en reste pas qu'au stade du banal film d'action orné de trucages, grâce notamment à l'approfondissement de son caractère principal et à l'habileté de la narration. James Cameron touche le soleil et livre probablement ici le film le plus complet et abouti de toute sa carrière, ne flirtant même pas avec d'autres classiques notoires, de par cette aura si novatrice en terme technique et narratif d'une suite indéniablement en avance sur son temps. Terminator 2 a l'audace de mélanger produit de consommation pur et la réflexion thématique aboutie, et faire de lui un résultat unique et accompli, non seulement référence notoire de science-fiction, mais surtout fondement ultime du blockbuster intelligent.
Ma critique sur le premier opus, c'est ici :
http://www.senscritique.com/film/Terminator/critique/29921237