Après le relatif échec de Terminator Renaissance, pourtant parti d'une idée intéressante mais développée dans un scénario manquant de substance, la franchise fait l'objet d'une nouvelle tentative de suite. Et dans un de ces compromis complètement absurdes dont Hollywood a le secret, le film est à la fois une suite et un semblant de reboot de la franchise. Sauf qu'au lieu de cumuler des qualités, ce sont des défauts inhérents à ce mélange que le film se traine.
L'intrigue, tout d'abord, semble considérer comme canon les évènements des deux premiers Terminators, et c'est tout. Sauf que l'histoire de multiples voyages temporels aux conséquences complexes que nous présente ce nouvel opus n'est réellement compréhensible que pour le cinéphile ayant encore en tête l'essentiel de l'intrigue des deux précédents films. Pour la capacité à rendre la franchise abordable, on repassera, le béotien étant condamné à essayer de suivre tant bien que mal de multiples évènements et références qu'il ne comprend pas. Cela donne un scénario d'une complexité intéressante pour l'amateur de Terminator, mais impénétrable pour tout spectateur n'étant pas familier du voyage dans le temps en science fiction. L'intérêt du reboot (consistant à rendre une vieille franchise plus accessible) est complètement perdu ici.
Mais pour le fan de la franchise, Genisys manque également cruellement d'intérêt. Les formidables antagonistes qu'étaient les terminators incarnés par Arnold Schwarzenegger et Robert Patrick dans les deux premiers films de la saga font leur retour, brièvement (sans Robert Patrick, le T-1000 étant joué par un illustre inconnu), avant d'être neutralisés sans grande difficulté dans des scènes très semblables à celles des films de James Cameron. Le sentiment de déjà vu est grand, et même l'introduction d'un nouveau genre de Terminator manque une occasion de renouveler l'expérience. De plus, l'élimination de ces deux machines de manière très rapide et assez peu convaincante et rend absurde les difficultés rencontrées par les protagonistes dans les deux premiers films.
Et si ces problèmes ne suffisaient pas, Terminator Genisys souffre d'un autre défaut majeur : un acteur principal à coté de ses pompes. Au contraire du Kyle Reese original qui semblait profondément humain et auquel on se rattachait immédiatement, Jai Courtney ne parvient pas à passer pour autre chose qu'une boule de muscles un peu brutasse, malgré plusieurs scènes sensées tisser le lien entre lui et Sarah Connor. Emilia Clarke, s'en sort en revanche bien en offrant une nouvelle version de Sarah Conor, qui n'a évidemment rien à voir avec l'originale mais se révèle au moins convaincante. On passera sur le reste du casting qui fait son boulot, ni plus ni moins.
Mais en plus de profiter d'un scénario en partie calqué sur des éléments de deux premiers films de la saga, Genisys semble au final assez vain. Le film ne développe aucun nouveau concept qui enrichirait réellement son univers ou amènerait le spectateur à se poser des questions. Rien de surprenant n'est jamais mis en avant. Aucun thème philosophique n'est réellement développé, ce qui laisse un sentiment de vide intellectuel.
Et pour ne rien arranger le film fait le minimum syndical coté action. Là où les deux premiers Terminators furent des œuvres marquantes, mettant le spectateur face à des situations, des plans, des cascades, des effets auparavant jamais vu au cinéma, Genisys n'est même pas capable de faire soulever un sourcil. Assurément, il y a de l'action, mais on ne retrouve à aucun moment le niveau de tension présent dans les deux premiers Terminators. Et à aucun moment on ne se trouve en face d'une scène d'action, d'un plan, d'une approche complètement inédite digne d'intérêt pour le film d'action. Non, tant à cause d'un scénario que d'une réalisation convenue, on a droit aux habituels poncifs du film d'action américain, sans qu'une once de renouvellement ne soit apportée par cette œuvre.
C'est bien là que le bat blesse : Terminator Genisys n'est pas un mauvais divertissement, c'est même un film correct, relativement bien filmé et au rythme efficace. Ce n'est juste pas un bon Terminator. C'est un film complètement dispensable qui n'apporte rien à la franchise ou au cinéma et qui ne restera dans les mémoires que comme un énième blockbuster estival sans saveur.