Faire un nouveau Terminator, c'est toujours quelque chose d'un peu casse gueule; de très casse-gueule, si l'on n'a pas le talent nécessaire à ce genre de productions bourrines mais pas trop. Parce que Terminator, c'est une fable sur cet homme aliéné qui cherche toujours à se surpasser, à inventer de nouvelles technologies toujours plus folles et dangereuses. Du feu le plus doré à l'arme la moins blanche, de la première charrue jusqu'au dernier des androïdes, il a constamment cherché à se surpasser, à être non seulement en phase avec son temps, mais également en phase avec son futur.
Terminator, c'est la plus parfaite expression de la psyché complexe de l'homme, le reflet même de ses rêves les plus fous. Des deux premiers films, le second se révèlera sûrement comme le plus profond, le plus abouti; mise en avant d'une dystopie post-apocalyptique, imagerie distordue d'un univers cauchemardesque, il fait mauvais vivre à l'ère des cyborgs rebelles.
Mais il y a eu un accident en cours de route, une catastrophe planétaire : le médiocre "Terminator 3", qui perdait tout sens de la mesure la plus intelligente au profit d'une démesure pyrotechnique carrément stupide. Connerie abyssale d'un yes man ne maîtrisant jamais réellement son projet ( ni même son sujet ), honte cinématographique pour tout fan de la profondeur émotionnelle, politique, philosophique des deux premiers volets, ce "Terminator 3" n'est clairement pas à voir pour son manque d'intelligence.
Et puis, McG a déclaré faire une suite à Terminator, version futur détruit, rêve cauchemardesque complètement viscéral. Sauf que non, la sauce ne prend pas. L'esprit des films d'origine n'est plus là; la faute a un casting entièrement renouvelé, à la disparition des têtes pensantes des films de Cameron. A en voir par la catastrophe précédente, c'est logique que tout le monde se soit barré.
C'est aussi la faute d'un numérique dégoulinant de l'écran jusqu'à en devenir répugnant, désagréable comme pas deux. Le filtre d'image terne, grisâtre, uni dégueulasse le tout, le rend banal, stéréotypé. Voilà un film qui souffre du mal de son siècle, des techniques récurrentes à certaines productions de haute voltige complètement paresseuses. Car si le film s'embourbe dans ces défauts visuels, c'est qu'il peine à instaurer une ambiance par sa mise en scène, pauvre bien que référencée.
C'est décevant autant que le film pêche par son manque d'originalité. Film formaté entre mille, politiquement correct et pas courageux pour un sou, cette Renaissance fait bien pale figure devant la concurrence actuelle ( avec de grands noms, de District 9 aux 4 Fantastiques; non, je trolle ), d'une pâleur de mort. Reborn n'est qu'un produit formaté pour plaire à un large public, histoire de se faire un maximum de thunes sur le dos d'une saga anti-pognon, anti-industriels, contre les excès de l'avancée technologique.
C'est donc un produit mercantile sans âme, un divertissement qui ne possède rien de particulièrement intéressant. D'un point de vue cinématographique, ça manque de folie, d'originalité, de prises de risque. Y'a bien quelques petits détails qui sont sympas, quelques références rigolotes dans la mise en scène ( notamment aux deux premiers films, avec le plan du pied de cyborg qui monte sur l'escalier en métal ), ainsi qu'une efficacité à filmer les scènes d'action, mais pour du Terminator, c'est pas assez brut, assez abouti.
La conception du futur est elle-même contradictoire à celle de l'oeuvre de base : on nous l'a toujours présenté comme un champ d'immeubles en ruines, on nous l'a toujours montré de nuit, avec plein de lasers qui fusaient dans tous les sens. Pas de bol, il n'est que sables et poussière, balles communes et esthétique banale, principalement filmé de jour. Ouais, c'est carrément pompé de Mad Max, et ça n'a même pas les couilles de nous présenter un rendu visuel en rapport avec la saga. Parce que c'est un film paresseux préférant se reposer sur les acquis d'une saga sûre plutôt que de se concentrer sur la saga qu'il est censé perpétuer ( et qui a perdu la confiance des producteurs hollywoodiens depuis T3 ).
Plus proche d'un Transformers amélioré que d'un Terminator profondément réfléchi, ce film de science-fiction bourrin troque son âme contre une liasse de billets. Et j'aime à penser que le casting n'est pas extérieur au manque de réussite global de l'oeuvre; outre un Bale très charismatique qui n'arrête pas de gueuler, la déception viendra surtout de Worthington, qui manque de classe, de présence, de brutalité.
Il campe une machine, bordel de merde; une machine, pas un pauvre clochard sans dynamisme.
Bon, y'a quand même trois ou quatre passages vraiment impressionnants, mais ça reste encore bien trop rare. Il reste à noter une vf très moyenne, et pas du tout en accord avec les tons de voix des acteurs ( surtout lors du discours de motivation de Bale ), ainsi que des effets spéciaux convaincants. Seulement, cela ne suffit pas pour faire un bon, un vrai Terminator... Finalement, la Renaissance est à chercher ailleurs.
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