L’île qu'on ne nomme pas

Film très émouvant dans lequel on découvre la vie d'une famille vivant sur l'île de Lampedusa, cette petite île que personne ne saurait localiser correctement qui est passée en quelques années de petite île sympa de méditerranée à un lieu glauque où échouent des milliers de migrants clandestins dans l'indifférence totale du reste de l'Europe.
Avec un peu de lenteur à certains moments, ce film casse manière spectaculaire toutes les idées reçues sur les clandestins et les habitants de l'île que tout le monde croyait égoïstes et racistes alors qu'en fait on découvre qu'en Italie, une loi (stupide) leur interdit de porter secours aux clandestins en mer, ce qui est contraire aux valeurs des vieux pêcheurs du village, attachés aux traditions et à la loi de la mer. Filippo, le personnage principal du film est un jeune de 20 ans, qui a toujours vécu sur cette île et souhaite devenir pêcheur, un métier sans avenir. Tous les étés, sa mère loue la maison familiale à des touristes venus passer leur vacances au soleil, ce qui est leur seul revenu. La vie des habitants et des touristes bascule quand une embarcation de clandestins fait naufrage et que la famille de Filippo décide de cacher une mère éthiopienne enceinte et son fils, en défiant la loi. La scène la plus saisissante du film est celle où les cadavres des réfugiés arrivent sur la plage où bronzent les vacanciers choqués qui découvrent la triste réalité du Club Med, seul Nino, l'oncle obsédé par l'argent et occupé à divertir les touristes reste complètement insensible à cette tragédie, ce qui en devient presque comique.
En plus de mettre en lumière un sujet d'actualité brûlant, "Terraferma" dénonce aussi l’égoïsme des pays du Club Med, des riches trop occupés à se dorer la pilule et la manière dont les gouvernements ruinent les pêcheurs. Ce film permet aussi au public de se poser une grande question :
Qu'aurait on fait si on était à la place de ces villageois qui voient arriver chaque jour des corps de réfugiés ?