J’ai découvert Tesis grâce au nouveau podcast Pardon le cinéma, que je remercie chaleureusement et recommande à tout cinéphile et/ou amateur de genre. Le film était présenté par l’équipe – à juste titre – comme l’un des premiers à renouveler le film de genre espagnol, en rabibochant le public avec ce type de cinéma.
Tesis est le premier film du réalisateur espagnol Alejandro Amenábar, à qui l’on doit notamment Les Autres, ou plus récemment Lettre à Franco. D’emblée, on ne peut être qu’impressionnés par la maîtrise du réalisateur, quand on sait qu’il n’a que 23 ans lors du tournage du film. Le voilà tout juste sorti de l’école de cinéma de Madrid, et déjà la patte d’un grand réalisateur se dessine.
Tesis trouve son origine dans un moyen métrage, réalisé à l’école trois ans plus tôt par Amenábar : Himenóptero, qui avait déjà pour thème principal le snuff movie, et qui a servi de première base au scénario.
C’est en revanche grâce à son second court métrage, Luna, que le réalisateur se fit remarquer, notamment par le réalisateur José Luis Cuerda, qui devient le producteur de Tesis.
Côté intrigue, nous suivons le personnage d’Angela (incarnée par la dynamique Ana Torrent), une étudiante qui démarre une thèse sur la violence des images. Très vite, elle se découvre une aversion fascinante et hypnotique pour les snuff movies, ces vidéos mettant en scène la torture, le meurtre, le suicide, le viol ou toute forme de violence de manière réelle, sans truquage et en plan séquence. Les victimes étant véritablement tuée ou torturée. Rapidement, le film se concentre sur une mystérieuse cassette, responsable de l’arrêt cardiaque de son directeur de recherche, lors de son visionnage en salle de projection de l’université.
En se rendant compte de l’existence d’un réseau de snuff movies au sein même de l’université, elle débute une enquête avec l’aide de Chema (le génial acteur Fele Martínez), un geek asocial fan de ce type de films. Voilà un tandem de comédiens, en mode vieux petit couple, toujours à se disputer, mais également très attachant.
Toujours dans l’évocation de la violence – jamais montrée clairement –, le film distille progressivement les indices nous invitant à mener, depuis notre fauteuil de spectateur, notre propre enquête parallèlement à celle d’Angela et Chema.
La mise en scène, hyper-maîtrisée, à la fois minimaliste et oppressante, sans jump scares putassiers, nous met dans un état de tension propre aux meilleurs films de genre. Amenábar prouve une nouvelle fois qu’il est possible de réaliser un excellent film avec un budget réduit. En effet, le film est réalisé avec une économie de moyens : une bonne partie des scènes, dont la fameuse course-poursuite dans les couloirs de l’université, ont ainsi été tournés par Amenábar et son équipe au sein de sa fac de cinéma.
Thriller haletant au suspens parfaitement dosé et à la musique incisive (créée par le réalisateur en personne), Tesis préfigure une belle carrière pour Amenábar. Avec de purs moments de tension, le film fascine autant qu’il étouffe.
A voir d’urgence !