Quand Roman Polanski décide de tourner cette adaptation du classique de Thomas Hardy, il cherche à rendre hommage à sa femme, Sharon Tate, qui souhaitait incarner l'héroïne. C'est elle qui lui a mis le matériau original entre les mains. C'est grâce à elle qu'il est entré dans la famille Dubreyville. Le sort a décidé que la rousse magnifique ne serait jamais Tess. 10 ans, il aura fallu 10 ans à Roman pour se sentir capable de lui rendre ce somptueux hommage posthume.
S'appropriant l'univers sombre de l'écrivain, il aime à voir se confronter la figure de la femme pure et angélique à une figure du mal. Ici, ce ne sera pas une figure satanique, ni criminelle, comme ce sera le cas dans d'autres films du réalisateur, mais sociale. L’exploitation économique et la domination masculine sont en effet les deux maux que Tess, à la fois femme et prolétaire, doit endurer jusqu’au martyr.
Lorsqu'elle fait la rencontre de son bourreau, le nobliau d'Uberville, son soi-disant cousin, il ne faut pas oublier que le ver est déjà dans le fruit.
En effet il n'est pas le seul coupable des malheurs de Tess. Les parents de la jeune fille, qui dans l'espoir d'obtenir quelques profits, n'hésitent pas à glisser leur fille entre les pattes du prédateur, se rapprochent du proxénète qui pousse l'innocence à la prostitution.

L'utilisation du cinémascope que fait Polanski met en avant de manière remarquable la modernité du récit et fait honneur au verbe de l'auteur.
Les être sont d'abord des taches qui prennent vie petit à petit, ils sont noyés dans l'immensité du décor, de la campagne.

Sa rencontre avec son "Ange" lui donnera le fol espoir d'une vie meilleure. C'est une figure angélique, comme elle, mais qui s'avérera également pétrie de préjugés machistes, il sera l'arme de l'achèvement de la déchéance et la marque de l'inéluctabilité du sort de la jeune femme.
Elle est femme, pauvre et sans titre ; et rien, ne pourra la faire sortir de cet état.

Nastassja, magnifique, déchirante trouve ici son premier grand rôle et contribuera au succès international du film.

Césars 1980 :
César du meilleur film
César du meilleur réalisateur (Roman Polanski)
César de la meilleure photographie (Ghislain Cloquet)
Oscars 1981 :
Oscar de la meilleure photographie (Ghislain Cloquet, Geoffrey Unsworth)
Oscar de la meilleure direction artistique (Pierre Guffroy, Jack Stephens)
Oscar des meilleurs costumes (Anthony Powell)
Golden Globes 1981 : Golden Globe du meilleur film étranger
Rawi
8
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le 30 janv. 2014

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Rawi

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