Jamais à court d’idées quand il s’agit de pouvoir grappiller encore un peu plus de dollars, là où il n’y en a plus beaucoup, le studio Lionsgate s’est spécialisé depuis pas mal d’années dans une exploitation à outrance, faisant plus de mal que de bien à un bon paquet de franchise. L’une de ces victimes est la saga « Texas Chainsaw Massacre », qui en pleine hype de la 3-D de partout, revient sept ans après la préquelle du remake. Présenté comme une suite directe du film de Tobe Hooper, il reprend exactement là où il se terminait en 1974. Pourquoi pas, puisqu’il faut que ça ait l’air un petit peu original.
Il est vrai que c’est un peu le bazar dans cette franchise qui compte une trilogie de base, un pseudo-remake, un remake officiel, suivi de sa préquelle, et en 2013 de cette septième incursion. Si cette dernière laisse penser que les évènements du 2 et du 3 (et dans une certaine mesure ceux du 4…) peuvent prendre place dans cet univers, dans l’ensemble elle n’a rien à raconter. « Chainsaw Massacre 3-D » n’apporte rien de nouveau, laissant apparaître une démarche certainement liée aux droits et aux soussous, plus qu’à la volonté artistique d’un projet ambitieux et solide.
En pur produit de consommation bas de gamme, le métrage n’a même pas encore débuté qu’il semble déjà avoir atteint ses limites. Passé une introduction relativement intéressante, le récit sombre dans un schéma archi-classique, qui montre Leatherface enchaîner les meurtres dans une ambiance totalement foutraque et peu spectaculaire. À ces meurtres se greffe une enquête familiale cousue de fil blanc, qui ne mène à aucune révélation de taille, et s’apparente plus à un cache-misère qu’à un véritable mystérieux jeu de piste.
Le métrage essaye désespérément de distiller un peu de suspens, pour surprendre, mais trop concentré sur rentabiliser l’investissement 3-D, il se perd entre raconter une histoire et montrer des meurtres cools (qui ne le sont pas). Résultat des courses : ni l’un ni l’autre ne fonctionne. L’ensemble se révèle bien trop mou et déjà-vu mille fois il ne joue jamais de son héritage, dans une orientation pourquoi pas un peu méta, qui aurait pu relever un minimum le niveau, ce qui s’avère loin d’être compliqué ici. Pour 2013, c’est beaucoup trop daté, avec des conceptions de productions des années 1980, que plus personne n’ose utiliser depuis 1990, ou à de rares occasions et avec un but précis, ce que n’affiche pas John Luessenhop. « Texas Chainsaw 3-D » c’est de l’exploitation de capitale de franchise dans le sens le plus dégueulasse.
Avec ses acteurices à la rue, dont la palme revient certainement à Scott Eastwood, qui a visiblement laissé son charisme dans les appareils reproducteurs de papa, jamais le film ne permet de rencontrer une certaine intensité. C’est quand même dommage, puisque le principe même d’un film d’horreur est de se montrer un tant soit peu intense. Dans le cas d’un « Texas Chainsaw Massacre », il faut aussi une bonne dose de déviance et de violence, extrême, pas nécessairement gore, mais au moins dérangeante. Comme le talent du casting, ce fait est inscrit aux abonnés absents d’une production réduite à la peau du visage de Leatherface
Cette œuvre ne propose rien, par son récit comme dans sa représentation de l’époque (oui, le film est censé se passer en 1974), et sombre inlassablement sur un petit peu plus de 92 minutes. Au point même où le générique se révèle plus un calvaire qu’une délivrance. Seule une panne de courant peut soulager quiconque se lance, sciemment ou non, dans cette aventure nulle. À peine divertissant, sans aucune réflexion de fond comme de forme, aucun axe narratif digne d’intérêt et aucune problématique permettant de donner corps à l’ensemble, cette septième entrée, la plus mauvaise à ce jour (et pourtant les deux qui suivent sont d’un bien piètre niveau), s’apparente à une formidable catastrophe industrielle.
Même le spectacle se révèle limité, alors que techniquement le métrage apparaît plus respectueux de la mythologie Leatherface, que la préquelle précédente, qui après ça, s’avère bien plus sympathique qu’elle ne l’est surement. Ce n’est pas suffisant pour sauver ce film auréolé d’une vacuité incroyable, qui entoure tout le projet, de sa conception à sa production et de sa réalisation à son exploitation. Du vide, entouré de banal, c’est plat, c’est pauvre, et le seul mérite qui lui revient c’est de continuer à œuvrer pour rendre l’original toujours plus exceptionnel.
-Stork._