Par les temps qui courent, le genre a fait des concessions soit pour attirer le plus de gens que possible soit pour éliminer la possibilité de créer une polémique. En revanche, ce qui a historiquement rendu le genre si captivant, c'est la tendance à pousser ce qu'on imagine possible. "L'Exorcisme" "Vendredi 13" "Halloween", ces films n'auraient pas cartonné si ce autour de quoi les films étaient structurés s'en tenait à la norme. Occasionnellement, il y a des films qui vont à l'encontre de la tendance en creusant un aspect d'horreur qui n'a jamais ete significativement exploré. En revanche, ils passent fréquemment sous la radar à cause des films plus commercialisés.
Thanksgiving insuffle la vie dans ce genre dont la marque de fabrique a été la banalité. A contrario des autres films, qui tournent autour d'une idée horrifiante mais qui tombent plats aux mains d'un manque du développement, l'intrigue est nettement bien pensée. Il se positionne comme un hybride entre quelques genres qui sont, sur le papier, antagonistes. Au début, vous aurez l'impression que vous êtes entrés dans la mauvaise salle de cinéma vu que les scenes sont si hilarantes que vous peinerez à vous contenir. L'ouverture du film insiste sur l'engouement inextinguible provoquée par "Black Friday", qui consiste à se battre pour obtenir les produits les plus prisés au grand surface à un prix réduit. Aussi enjolivé soit-il, ce à quoi le film attire l'attention, c'est la barbarie que ce jour entraîne. En surface, les premiéres scènes ne mangent pas de pain, toutefois, elles sont le carburant auquel le film carbure. À cause du chambardement initial, dont les personnages principaux font partie, un tueur mené un carnage abominable contre ceux qui ont indirectement causé la mort de sa femme.
Les enjeux montent prgressivement au fur et à mesure que les meurtres se rapprochent des personnages principaux. En outer, ce n'est pas que les scenes sont terriblement effrayantes. Neuf fois sur dix, on peut se faire une idée du rythme auquel le réalisateur s'y prend. C'est les situations et les images qui sont projettées. Le tueur emploie le "Thanksgiving" comme son fil conducteur. Il s'habille comme un pèlerin tout en utilisant les outils cuisinières pour accentuer l'accent sur ce jour. Il en résulte qu'il conçoit des maniére créatives pour démanteler ses victimes. En plus, les scenes de violence ne sont pas adoucies en mettant la camera ailleurs ou en sous-entendes les actes horrifiques. Ce film montre tout afin que rien ne soit laissé à l'interpretation.
Excepté la comédie implicite et l'horreur déconcertant, le film fait également office d'un mystère. Je me garde de trop dévoiler sans que la fin soit gâchée. Disons juste qu'il y a tellement de rebondissements que c'est quasiment impossible de dénouer l'identité du tueur, ce qui rend le film dix fois plus prenant. Il y a une multitude d'elements qui s'emboitent parfaitement bien, néanmoins l'intrigue n'est pas dénuée de dérapages. La fin paraît un peu clichée, d'autant plus que le réalisateur expérimenté se donne du mal à déboulonner les tendances toutes faites afin que le produit final soit distinct et que les spectateurs puissent sortir de la salle en se disant qu'ils n'ont rien vu de film de cet ampleur. Je me doute que le contraint de budget a eu une influence sur la capacité à conclure le massacre comme ils se devait. Quels que soient les goûts, il parvient à créer de la légitimité en attaquant l'horreur sous une angle qui n'a jamais été explorée. Quand vous l'aurez vu, vous ne regarderez plus les dindons de la même manière.