C’était sympatoche.
J’avoue que j’y allais très pessimiste, ne comprenant pas pourquoi Eli Roth se replongeait quinze ans plus tard (!) dans ce délire Grindhouse, le bonhomme n’étant par ailleurs ni Tarantino ni Rodriguez (qui a certes son lot de chiasses à son actif, mais aussi quelques réussites notables). Je m’attendais vraiment à une daube édulcorée et/ou cynique (deux fléaux pénibles pour ce genre), et en fait ça va, c’est mieux que prévu.
En fait, j’ai pensé à de nombreuses reprises à Scream en voyant ce Thanksgiving, qui partage avec le film de Craven pas mal de points communs (en plus de lui faire au moins un clin d’œil évident). Et, sans aller jusqu’à dire que le film en est le digne successeur (sachons raison garder), il en est incontestablement une meilleure déclinaison que les deux opus post-Craven. Parce que tout en y ressemblant par de nombreux aspects (sur le fond comme sur la forme, sur les règles du jeu comme sur une certaine imagerie, jusqu’au débauchage de Patrick Dempsey), le film nous épargne leur discours meta essoré (plus ringard qu’autre chose désormais – et assez casse-couilles à la longue) et leur pillage éhonté d’un héritage trop grand pour eux. Ici le film a le bon goût de rester assez premier degré (tout en s’autorisant quelques touches humoristiques, parfois réussies) et surtout d’instaurer sa mythologie à lui, avec son trauma originel, son boogeyman et sa petite troupe de djeunes – menée par une inconnue au bataillon par ailleurs infiniment moins antipathique que le nouveau visage de la franchise Scream (d’ailleurs congédiée la semaine dernière – les hasards du calendrier !).
Puis le film a pour lui une certaine gogolerie pas désagréable, là où j’aurais parié sur un truc tout sage (au vu des trois précédents films d’horreur du bonhomme que j’ai vus, qui ne m’ont laissé quasiment aucun souvenir, et même aucun en termes de mises à mort). On a ici droit à quelques exécutions un peu marrantes (pour certaines recyclées de la fausse BA pondue il y a quinze ans par Eli, en plus chaste hélas), et cela dès le début du film et sa scène de Black Friday complètement détraquée (à côté de laquelle celle sur laquelle s’ouvrait Une année difficile le mois dernier est un sommet de courtoisie), qui n’a d’ailleurs même pas besoin de faire intervenir son boogeyman pour massacrer du PNJ. C’est bête et méchant, mais j’avoue que ça m’a fait marrer, je ne m’attendais pas du tout à cette cruauté gratuite (hors du périmètre des exécutions du boogeyman, s’entend). Du coup, agréablement surpris, ça change des films d’horreurs un peu guindés qu’on se farcit trop souvent (genre, sans chercher loin, L’exorciste 2.0 le mois dernier – qui est par ailleurs une énorme merde, qu’on se le dise). Pareil avec le climax/QG du vilain, c’est d’un mauvais goût sympathique qui sort un peu du tout-venant.
Bref, pas la merde à laquelle je m’attendais, mais un petit slasher tout à fait honnête, qui devrait sauf accident me laisser un peu plus de souvenirs que les autres films d’Eli Roth que j’ai vus.
Dommage en revanche que la fin soit si nulle (la légèreté avec laquelle est close une certaine interrogation me laisse sceptique… et je ne parle pas de l’ultime scène…). Principal reproche que j’aurais à faire au film.
Mais bon, ça se regarde gentiment tout de même.