Malgré quelques errements comme Deathwish ou La Prophétie de l'Horloge, Eli Roth est un chouette type. Difficile de penser autrement quand on se souvient des délices qu'il avait concoctés avec Knock Knock et The Green Inferno.
Alors, quand il retourne aux fourneaux, l'amateur de son cinéma ne peut qu'attendre avec appétit le détail du menu. Et même s'il ne s'agira jamais de grande gastronomie raffinée, l'on sera cependant bien calé et repu, comme devant la table décorée de Thanksgiving.
Et vu que les idiots de Français ont besoin d'un sous-titre qui l'est tout autant pour comprendre de quoi il retourne, aucune véritable surprise : la célébration de l'esprit des pères fondateurs de l'Amérique sera saignante.
A l'image de ce chaos inaugural, rappelant parfois Destination Finale, filmé comme une vague zombiesque, à la gloire de la beauferie, d'une célébration ultime de la bêtise humaine et d'une surconsommation imbécile prenant le pas sur l'histoire et les traditions. Et surprise, le massacre et la vengeance qu'il génère feront facilement passer la pilule de personnages génériques à baffer mais que l'on adorera pourtant détester dans un même mouvement...
… Et que l'on prendra un malin plaisir à voir crever, dans des scènes de meurtres plutôt inventives et graphiques convoquant à l'occasion la délicieuse odeur qui sort du four de la rigolade décomplexée.
Eli Roth inscrit donc une nouvelle fête issue de la culture yankee comme décorum d'un slasher aux accents narquois qui en souligne les cauchemars et les instincts animaux, comme avait tenté de le faire David Gordon Green dans l'épisode central de sa propre saga Halloween rebootée.
Pour le reste, c'est avec un réel plaisir que les figures imposées du genre moribond répondent présentes, avec son lot de fausses pistes parfois grosses, de suspicions et d'enquête pour savoir qui se cache derrière le masque. Avec ce côté sale gosse en plus qui s'en donne à cœur joie derrière la caméra, dès lors qu'il s'agit de passer au plat principal du châtiment réservé aux différents coupables de ses malheurs.
Ainsi, débarrassé de tout postmodernisme encombrant et goguenard, Thanksgiving : La Semaine de l'Horreur lâche les chevaux et concrétise la fausse bande-annonce qui avait alimenté le projet Grindhouse de Quentin Tarantino et Robert Rodriguez. Le repas généreux et servi avec entrain que le film constitue démontre, à l'évidence, que Eli Roth, en 2023, a retrouvé son mordant.
A table !
Behind_the_Mask, qui essaie de ne pas manger trop gras, trop sucré, trop saignant.