Ah le patriotisme coréen...
Dans le passé, le box office sud-coréen a par plusieurs fois vu des films à la qualité approximative se retrouver en tête des entrées sur le simple argument patriotique. D-War, en 2007, avait attiré 8 millions de spectateurs pour ce qui se présente pourtant comme l'un des pire films de tous les temps, sur la seule base d'un marketing axé sur l'argument patriotique du "nous aussi, on peut le faire" (comprendre blockbuster à effets spéciaux).
Cette fois-ci l'offre marketing est plus honnête : la bataille de Myeong-ryang, victoire décisive de la guerre Imjin gagnée contre les japonais en 1597. Jackpot sans commune mesure au box office local : 11 millions d'entrées en 11 jours, et le record de The Host (13 millions) en passe d'être pulvérisé (UP : Le film finira finalement au score incroyable de 17,6 millions d'entrées).
Si on ne peut pas parler de vraie catastrophe ici, le film n'en est pour autant d'une très grande faiblesse, principalement scénaristique.
Le film n'a pourtant pas tout de la vraie catastrophe. Choi Min-sik, est au top, comme à son habitude, le film est plutôt bien produit (malgré des effets vraiment awkward pendant les scènes de bataille navale, et un manque de figurants sur certains plans qui évoquent le précédent opus du réalisateur, War of the Arrows)... on n'a jamais vraiment l'impression d'être devant un nanard d'une ampleur D-Wardesque.
Le film s'apparente en fait assez bien au premier film de Kim Han-Min, War of the Arrows, sorti en 2011, un film d'époque lui aussi, correct mais sans plus.
Comme pour son opus précédent, on retrouve une certaine simplicité dans le traitement avec la volonté de fournir avant tout un spectacle de divertissement.
Manque de pot, le scénario de Roaring Currents est bien trop paresseux pour que le simple spectacle potentiellement galvanisant de bataille navale stratégique se suffise à lui-même.
Le script manque en réalité de réelle intrigue pour dépasser le postulat de départ que tout le monde connaît (si vous vivez en Corée ou si vous intéressez au pays, vous avez sûrement entendu parlé de l'amiral Yi Sun-Shin). Les japonais, méchants, attaquent la Corée, gentille. Bon en fait à moitié gentille car les dirigeants sont un peu des enculés, car ils ne veulent pas fournir à l'amiral plus de bateaux (ils l'aiment pas). Qu'à cela ne tienne, bon patriote qu'il est, l'amiral aidé par les courants marins bougés par les âmes de ses potes soldats morts lors d'une précédente bataille perdue (la seule idée du film), va péter la gueule à toute la flotte japonaise. 330 bateaux contre 12, ça aussi on nous le martèle pas mal.
Finalement le film n'offre aucun apport au mythe national de l'amiral présent sur les pièces de 100 wons, faute à l'absence totale d'une vraie intrigue originale qui irait au delà du background historique. Ajoutez cela une vision caricaturale et xénophobe des japonais, joués par des coréens qui plus est, et vous avez le parfait blockbuster de l'été en Corée (si vous voulez savoir ce qu'il ne faut pas faire pour faire un blockbuster historique en Corée, jetez un oeil sur My Way, qui offrait une vision bien plus positives des voisins nippons).
Avec un contexte social très favorable à l'accueil d'un film ultra-patriotique, je veux bien entendu parler du naufrage du Sewol qui a fait beaucoup de mal à la confiance des coréens pour leur pays et les sphères qui le dirigent, le succès est cette fois-ci plus compréhensible. Mais pas pour autant mérité. Loin de là.