Youth without truth
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le 9 oct. 2024
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The Apprentice est somme toute un film assez classique d'apprentissage, et on pense surtout à Wall Street, où un magnat de la finance prend sous son aile un jeune trader ambitieux. La construction narrative est efficace et assez banale, avec une suite logique et rythmée d'événements. Bref, on est clairement pas dépaysés. Mais le film a deux atouts majeurs qui le rendent quasi incontournable.
Déjà, les deux acteurs sont tout simplement excellents : Jeremy Strong en avocat véreux jusqu'à la moelle, avec une diction si particulière et un regard froid et perçant qui perd peu à peu de son éclat ; et Sebastian Stan qui réussit à imiter Donald Trump, sa façon de parler, son léger bégayement, la forme de ses lèvres et de sa bouche, son sourire bizarrement innocent, sans toutefois le caricaturer. Vraiment deux performances marquantes.
Ensuite, et presque surtout, l'évolution des personnages est renversante. Au début, on a presque de la sympathie pour Trump, jeune homme ambitieux qui cherche à bien faire et à bien se comporter auprès de ses pairs, un gars assez simple, volontaire et maladroit. A l'inverse, Roy Cohn, présenté comme un avocat impitoyable et tout bonnement dégueulasse, ce qu'il était d'ailleurs, fait figure de boss machiavélique final. A la fin du film, Roy Cohn est lâché de toute part, affaibli par le Sida et trahi notamment par Trump qu'il a littéralement créé. On en vient presque (oui, presque, faut pas abuser) à avoir de la peine pour ce fumier, dans un renversement dans la veine d'Orange mécanique (toutes proportions gardées). Trump quant à lui, est déjà devenu dans les années 1980 le Trump qu'on connaît aujourd'hui : menteur, avide, manipulateur, maître chanteur, sans scrupule (il n'est pas pour rien dans la mort de son frère ainé), violent, violeur (p'tite scène de viol conjugal horrible à regarder), mafieux. Et terriblement seul.
Le film est indispensable pour comprendre qui est Trump et d'où il vient, pour ceux comme moi qui ne l'ont vraiment connu qu'à partir de 2016. Donald a au moins le mérite de la constance dans sa personnalité, qui a peu changé en 40 ans. Et juste pour m'en rappeler, les trois règles pour être un parfait connard : 1, attaquer attaquer attaquer ; 2, ne jamais avouer et toujours nier ; 3, ne jamais concéder la défaite.
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Créée
le 21 oct. 2024
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