La question est bien difficile à résoudre dans le cas de ce film hommage et qui traite d'un cinéma d'une époque dont les codes ont été enterrés par la succession d'innovations du XXème siècle.
En jouant la reproduction fidèle, Michel Hazanavicius prend le pari d'utiliser un langage surannée pour raconter la fin d'une époque, celle du cinéma muet. À deux scènes près, il s'y tiendra.
Ces deux scènes où le son intervient par surprise sont à la fois réussies par la rupture qu'elles provoquent, et une évocation frustrante d'un concept à demi-exploité.
Un tantinet pastiche, le film semble tellement concentré sur sa copie parfaite qu'il se refuse de faire ce qui aurait pu être une vraie œuvre créative qui joue des réponses entre les techniques et les codes de différents cinéma et de différentes époques. Cet échange aurait parfaitement collé au propos et au contexte de l'histoire, c'est à dire cette transition générationnelle entre cinéma muet et parlant, en pleine crise économique.
Alors oui, il y a beaucoup à aimer dans ce film. L'histoire est simple et touchante, portée par un bel équilibre narratif entre la relation Peppy / George et la désaveu de l'acteur. Jean Dujardin est également très bien utilisé par son expression corporelle et son côté intemporel. De même, la reconstitution des effets filmiques, décors et ambiances de l'époque est très réussie sans être kitsch ni factice. Le bonus chien savant est par ailleurs validé à 200 %.
Mais en plus de quelques défauts d'écriture, notamment par les personnages secondaires pas très marquants et une fin un peu facile, The Artist est un surtout un film que l'on aurait aimé voir aller plus loin. Si on s'interdit de lui faire un procès d'intention, on est obligé d'en rester à dire qu'il est un film sympa.