"La réponse du réalisateur de OSS 117 au tout 3D actuel" quel média a pu avancer cette idée? Difficile à définir tant Hazanavicius depuis les différents épisodes du grand détournement semble être un franc tireur discret dont la cinématographie se construit ni en opposition ni en adéquation au paysage contemporain mais se construit simplement. Doucement mais surement sans pour autant être constante ou égale(Rio ne réponds plus).

Georges Valentin s'appellerait Bonisseur de la Barthe on en serait au même point. Il est une nouvelle facette du personnage que Dujardin et Hazanavicius ont élevé au rang de nouvelle icône comique depuis nid d'espions au Caire. Mais le réalisateur (et son comédien) depuis cette première tentative ne s'est pas contenté de resservir le même plat, nous travaillons la même pièce mais la préparation ne cesse de varier à chaque service.
Quel est ce modèle; le français! Dans toute sa splendeur, orgueilleux, misogyne et réactionnaire tout en se targuant de sa modernité, d'une lourdeur impesable en se prétendant chantre d'un mode de vie élégant et raffiné, séduisant alors que bourré de travers.
Premier Volet, établissement du nouveau modèle comique en hésitant pas à définir comme idole le caractère douteux.
Deuxième volet, reprenons ces ingrédients pour tourner en ridicule et humilier cet héros , particulier.
Dernier volet, la construction du personnage ne bouge pas d'un iota, découvrons sa sensibilité, anoblissons son orgueil, rendons touchant son besoin d'omniprésence.
The Artist n'est pas le nouveau film de Hazanavicius, il est la continuité d'un cycle instauré avec Dujardin, un travail de longue haleine avec un comédien par un réalisateur qui semble amoureux du métier d'interprète au point de faire apparaitre quelques uns de leur plus célèbres représentants dans son premier chef d'oeuvre prémonitoire du génie de son écriture.

Mais The Artist ne peut pas se résumer à un travail de longue durée sur un modèle de personnage.
En le voyant, on peut se demander si Winding Refn n'a pas un peu dérobé le prix de la mise scêne au réalisateur de OSS 117.
Virtuosité ou maitrise de son objet? A chacun de le définir reste que le maitre mot demeure la subtilité et l'intelligence. Intelligence que l'on a de cesse de retrouver dans le découpage. Référence ponctuelle au cinéma burlesque d'avant guerre, certains plans renvoient directement à Keaton, des séquences évoquent l'impassible américain mais aussi son plus célèbre homologue anglais.
De toute façon comment ne pas penser à l'histoire de Max Linder alors que l'on suit les mésaventures de Valentin et l'ascension de Peppy Miller...Rien n'évoque la United Artist, mais Georges finit par se produire lui-même, par fierté certes, mais aussi peut-on se laisser croire pour faire perdurer comme ce qu'il considère comme la poésie de son métier. Ce tears of love semble d'ailleurs convoqué un certain romantisme jusqu'ici absent de ce que l'on nous laisse voir de la cinématographie du comédien. Les lumières de la ville?
La subtilité; on ne cesse de l'établir dans un montage fait à la pipette et mené par le réalisateur lui-même( bien que le générique ne le crédite que derrière son assistante). Pas un plan trop, on ne nous refuse pas d'admirer la beauté de ceux-ci, le film respire tant par le montage image que par le montage son. Le metteur en scène ne se laisse pas rattraper par le folklore et la beauté du décor et propose des compositions justes et suffisantes au traitement de son histoire. Le maniérisme quand il se montre est daté, référencé et d'une maitrise complète, on est loin de la lourdeur de l'icône que l'on suit désormais depuis trois films.
Le son enfin, partition admirable et double apparition ponctuelle du son synchrone, toujours très jaugé. On regrette peut-être d'entendre la voix de Valentin, la poésie de l'histoire aurait pu nous contenter de son souffle porté à bout par les claquettes. En tout cas les différentes couches sont parfaitement mixées, les niveaux et la spatialisation semblant se définir par le ton et le timbre d'un son.

Il serait facile de crier au chef d'oeuvre, hors l'exercice est périlleux lorsque l'on parle d'un réalisateur qui a porté la classe américaine puis le premier OSS 117. On peut déjà déplorer que ce cinéma du raffinement et de l'intelligence, grand représentant de la mise en scène ne soit pas celui de la France aux Oscars puisqu'il y aurait eu toutes ses chances.

On parle d'un nouvel OSS 117, mais l'espion pourra t-il retrouver de son ridicule maintenant que Georges Valentin nous en a montré son coté humain.
Traviser
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le 17 oct. 2011

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Traviser

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