The Assassin (2016) - 刺客聂隐娘 /104 min
Réalisateur : Hou Hsiao-Hsien - 侯孝贤
Acteurs principaux : Shu Qi - 舒淇 ; Zhang Zhen - 张震 ; Zhou Yun - 周韵 ; Satoshi Tsumabuki - 妻夫木聡 ; Ethan Juan - 阮经天 ; Ni Dahong - 倪大宏.
Mots-clefs : Taïwan ; Poésie ; Film en costume.
Le pitch :
Dans la Chine du IXe siècle, Nie Yinniang a été éduquée par une nonne qui en a fait un des plus redoutables assassins du pays. Mais Yinniang se laisse encore trop porter par ses sentiments et sa maîtresse lui ordonne de retrouver sa famille pour assassiner son propre cousin Tian Ji'an, le gouverneur de la province de Weibo, qui défie ouvertement l'empereur. Mais le dilemme est encore plus cruel car Tian Ji’an et Yinnang avaient été promis l’un à l’autre dans leur jeunesse.
Premières impressions :
Chef d’œuvre ou film chiantissime, The Assassin divise le public. Sorti il y a un an en France, primé à Cannes pour sa mise en scène, le dernier film de Hou Hsia-Hsien (Café Lumière – 2003 ; Millennium Mambo – 2001) s’est fait attendre durant six longues années entre problème de budget et souci du détail du maître. Et c’est justement ce qui pourrait caractériser le film : le soucis du détail. Si ce film a été très mal reçu par certains, c’est que les bande-annonces ont été totalement trompeuses, vantant un film de cape et d’épée (Wu xia pian), un Tigre et Dragon next-gen, alors qu’il s’agit avant tout d’un film d’atmosphère au rythme lent et au scénario secondaire.
La majesté du film tient surtout à son visuel et à sa poésie, et comme souvent dans cette discipline, les vers font émotion avant de faire sens. Chaque image, chaque plan est une toile de maître et les dialogues sont minimalistes. The Assassin est film chiadé, compréhensible uniquement dans le lâcher prise. Le scénario se dévoile au fur et à mesure, dans une intrigue finalement assez simple mais dont l’exposition tortueuse complexifie la compréhension. D’ailleurs si certains sont tentés de penser que c’est un film « que seuls les asiatiques peuvent comprendre, parce qu’ils sont philosophes et qu’ils ne pensent pas comme nous », rassurez-vous, mes amis taïwanais ont été tout aussi perdus que le spectateur français lambda.
Côté acteurs, la prestation de Shu Qi est superbe pour son troisième film aux côtés de Hou Hsia Hsien (après Millenium Mambo – 2001 ; Three Times– 2005). J’ai été moins marqué par la prestation des autres acteurs. Cependant, c’est toujours compliqué de juger d’un acteur quand on ne parle pas la langue et mes rudiments de chinois ne suffisent pas pour savoir si le ton est juste. Bien entendu, film en costume oblige, il y a beaucoup de théâtral, mais cela colle avec le genre.
Pour conclure, The Assassin est un film que j’ai vu trois fois, les yeux écarquillés à apprécier la beauté de chaque plan, particulièrement ceux en noir et blanc. Ceux qui me suivent savent que j’aime ces films artistiques que j’appelle les films « deux heures du mat’ sur Arte » et donc je le recommande vivement à tous ceux qui n’ont pas peur de plonger dans un film d’ambiance sans en comprendre le sens. A ceux qui ont besoin que le héros ou son faire-valoir explique le moindre détail par une ligne de dialogue aussi vide que descriptive, passez votre chemin.