Une véritable Oeuvre d'Art, plastiquement resplendissante et moralement terrassante. The baby of Mâcon figure parmi les réussites majeures du cinéaste Peter Greenaway, morceau de cinéma de pure représentation scénique aux éléments symboliques délibérément ampoulés, surchargés, presque exténuants. En deux heures de métrage visuellement denses et fascinantes le réalisateur gallois revisite les icônes bibliques pour mieux les questionner, les invertir voire les pervertir jusqu'à l'indécence ; théâtral, quasiment brechtien le dispositif dudit film évoque une performance XP esthétiquement très sophistiquée, constituant un Art-somme proprement vertigineux.


En offrant le rôle principal à la belle et virginale Julia Ormond Greenaway perpétue son goût pour le raffinement mêlé à la barbarie, la distinction conjuguée à l'ignominie. Jouant la figure d'une Marie jugée par son propre nourrisson l'actrice livre une prestation flamboyante aux côtés d'un Ralph Fiennes reconverti en Joseph... La pièce filmique s'avère rude et blasphématoire, terriblement fascinante dans sa splendeur complexe et rougeoyante ( la photographie du génial Sacha Vierny n'est pas sans rappeler celle des Cris et Chuchotements de Bergman ) et techniquement virtuose : longs plans-séquence latéraux balayant de vastes intérieurs munificents, direction artistique faramineuse, éléments post-médiévaux sidérants de beauté... C'est grandiose, précis et savamment dérangeant !


D'aucuns ont entendu parler de l'incontournable scène de viol collectif essentiellement suggérée par Peter Greenaway dans le dernier quart d'heure du périple... au point de limiter leur jugement à cette seule et unique séquence au demeurant mémorable, moins pour sa violence sonore que pour sa dimension punitive à l'encontre du personnage incarné par Julia Ormond. Film de châtiment(s) présentant un nouveau-né indéchiffrable ( est-il un oracle ? est-il un démon ? ) The baby of Mâcon est un happening éreintant mais indispensable pour qui souhaite explorer la filmographie d'un esthète considérable : un chef d'oeuvre.

stebbins
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le 14 mai 2021

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