Pauvre vierge dans un jeu de quilles

The baby of Macon est un film difficile à aborder, tellement focalisé sur son sens métaphorique qu'il s'y perd jusqu'à la déraison. Imposer à son auditoire près de 2H00 de séquences qui s'étirent à l'infini dans un seul but : martyriser ce dernier pendant 10 bonnes minutes lors d'un retournement de situation particulièrement salace, c'est quand même sacrément vicieux. Et s'il faut reconnaître à Greenaway un sens certain de la narration, on peut aussi lui reprocher d'instaurer une telle distance entre ses images et son propos, en intellectualisation à outrance ce dernier, qu'il en perd toute sa puissance originelle. User de symboliques est un moyen souvent efficace de se faire comprendre, mais quand elles sont en tel surnombre qu'on frôle la saturation, c'est l'effet inverse qui se produit.

En l’occurrence ici, la mise en abyme que met en scène Greenaway, pour entremêler pièce jouée et réel, lui permet de nous troubler lorsqu'il passe enfin la seconde (après plus de 90 minutes de bobine quand même ...). Au moment où la caméra nous invite en coulisse, et que le jeu macabre, qui n'était jusque là que le sujet d'une pièce de théâtre un peu particulière, se poursuit, on devrait se sentir mal à l'aise, et subir l'assaut du lit à Baldaquin par les 208 salopards comme une torture de tous les instants. Ce sera d'ailleurs probablement le cas pour ceux qui sont parvenus à faire leur cet univers très maniéré, mais pour les autres, dont je fais partie, la séquence tourne tout simplement à vide. L'ennui, seul entremet à se mettre sous la dent jusqu'à ce retournement de situation, est bien trop destructeur, l'intérêt n'y est plus.

Il est évident qu'un film comme The Baby Of Macon sera reçu bien différemment en fonction de la sensibilité de chacun, bien plus qu'un autre film, tout simplement parce qu'il est le fruit d'une impulsion très personnelle, d'une réflexion d'artiste au sens premier du terme, de celle qu'on admire ou qu'on rejette. Il hypnotisera les uns par son univers très théâtral, mais exclura les autres du voyages par son côté très forcé. J'ai pour ma part littéralement subi la séance, compté chaque minute qui me séparait de la délivrance, simplement parce que j'ai rejeté la proposition de Greenaway, au bout d'un petit quart d'heure à peine. Au moment où j'ai compris que ce qui me semblait détestable dans son film, à savoir son maniérisme forcé agaçant, ses décors qui se veulent clinquants mais ne réussissent qu'à être insipides et son fond saturé de symboliques laissant trop entrevoir la réflexion à leur origine, allait être au menu tout au long de la séance. Pour une première entrée dans l'oeuvre du monsieur, c'est la douche froide.
oso
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le 31 juil. 2014

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