C'est indéniable: The Bad Batch fait l'effet d'un soft Mad Max nappé d'absurde et de musique éléctro.
Le film propose un monde étrange, suspendu dans le temps, peuplé de nomades muets, de bodybuilders cannibales, et de toxicos psychotiques.
Sur le territoire des hommes-ponts, mangeurs de chair humaine et vivant dans des carcasses d'avions, ou au sein de Com-Fort, semi-ville sous l'égide de Dream (Keanu Reeves hallucinant), les humains errent, souffrent, s'abrutissent.
L'étrange occupe une place centrale dans le film, autant dans les choix du personnage principal (arbitraires), que dans les costumes, ou encore dans cet univers inquiétant.
La mise en scène oscille entre un cadre artistique léché et une atmosphère flottante. La musique électronique, presque intra-diégétique, participe à ce récit qui noie le spectateur dans ce monde perdu et abandonné.
La force du film réside dans cette énigme que représentent ce monde et ces personnages: on tente de les comprendre, on se laisse porter, et on s'ennuie, parfois.
Mais The Bad Batch laisse indéniablement un goût prononcé d'inachevé, comme lorsque l'on se réveille d'un rêve et que l'on tente de pénétrer son inconscient afin de le déchiffrer.
Peut être est-ce l'effet escompté par la réalisatrice, qui dans sa maîtrise admirable du cadre tente d'atteindre l'inconscient du spectateur afin de lui transmettre quelque chose de personnel et de partagé.
Aux amateurs du genre, foncez devant cette œuvre singulière.
Aux plus sceptiques, évitez cette expérience déroutante qui ne fera que vous frustrer.
A ceux qui, quand ils se réveillent, tentent de comprendre leur rêve: ce film vous semblera familier.