Arabella est une jeune autrice. Elle revient d'Italie où elle a rencontré un garçon avec qui elle aimerait approfondir la relation. Elle est censée bientôt rendre le premier jet de son deuxième roman. Ce soir là, elle sort, elle boit, puis le black-out.
"I may Destroy You" est aussi violente, hypnotique, et terrible que l'expérience qui va changer la vie de Arabella. Mais la série aborde son thème avec une mise en scène sensorielle, un style lancinant, et surtout une actrice principale renversante.
Déjà rencontrée dans l'étrange série "Chewing Gum", Michaela Coel écrit, réalise et joue dans cette série qui interroge et bouscule le spectateur. D'une main de maître, elle traite de son sujet de manière implacable, sans détour et crue.
Tout d'abord, on suit le parcours psychologique de Arabella : on découvre d'abord qui elle est et les bases de sa personnalité. Puis, on réalise en même temps qu'elle ce qui lui est arrivé, on revit avec elle le traumatisme, et on souffre avec elle des mécanismes de défense (sains ou malsains) auxquels elle va recourir afin de s'en sortir.
On rencontre ses deux meilleurs amis Terry (jouée par la fascinante Weruche Opia), et Kwame (Paapa Essiedu), et on assiste à leurs réactions (plus ou moins adaptées et maladroites) et aux moyens qu'ils déploient pour la soutenir.
On suit, avec fascination, les bouleversements que l'événement traumatique va entraîner dans sa vie. On est témoins de sa force, de sa folie, et des méandres torturés de son esprit.
Au delà du personnage principal, la série questionne le consentement, le viol et les agressions sexuelles. Qu'est ce qui définit un viol ? Comment réagir face à son violeur ? Que se passe t-il lorsqu'on porte plainte ? Comment la police réagit face aux victimes (notamment de la difficulté des hommes pour être entendus lorsqu'ils ont été agressés sexuellement). Quels moyens déployés pour s'en sortir ? Toutes ces interrogations sont explorées à travers Arabella et ses proches, toujours par un parti pris esthétique soigné.
La série balade son spectateur de la même manière dont Arabella tâtonne à travers sa vie: dans une sorte d'errance, de flou artistique, mais avec une honnêteté folle, parfois préjudiciable.
Puis le coup final est asséné dans le dernier épisode où un basculement s'opère: en explorant le processus artistique de l'écriture, on voyage à travers les fantasmes de Arabella, et Michaela Coel tente d'exposer sans jugements et sans peurs, la psyché du violeur.
Bouleversante, sensationnelle, originale, I May Destroy You est une expérience percutante qui ne laisse pas indifférent son spectateur.