The Dark Angel
Tim Burton avec Michael Keaton, Christopher Nolan avec Christian Bale, Zack Snyder avec Ben Affleck. Batman est un des super-héros qui cumule le plus de nouvelles adaptations jonglant entre des...
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le 2 mars 2022
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Un Batman différent
Batman est, sans conteste, l’un des piliers du genre super-héroïque et ce bien avant son arrivée au cinéma.
Depuis sa création en 1939 il a beaucoup évolué et le moins que l’on puisse dire c’est que ses multiples adaptations confirment cette tendance : il n’y a pas UN Batman, il y’en a autant que de personnes ayant aimé ce personnage et se l’étant approprié.
Ainsi j’ai beaucoup de mal à répondre à la question : quel est le meilleur Batman ? Qui se pose à chaque nouvelle itération du personnage. Je me rappelle encore les levées de bouclier lorsque le rôle a été offert à Ben Affleck, puis à Pattinson.
Batman est l’exact contre-pied d’un Superman qui se veut essentiellement bon et générique, un beau brun immaculé et le tour est joué on ne verra aucune différence (j’exagère, mais presque pas).
Donc faire rentrer le Chevalier Noir dans des cases en ne voulant que des acteurs de 110kg pour 1m90 , ayant la voix d’un crooner et l’apparence d’un videur de boîte de nuit, c’est à mon sens nuire à l’image même de ce héros : il est un symbole avant d’être l’homme sous le masque.
Et si on s’intéresse un tant soit peu au personnage et aux comics qui l’ont fait naître et perdurer, on se rend compte qu’il existe autant de Batman qu’il y a d’auteur voulant le « transformer », faire évoluer sa légende.
Ce « The Batman » de Matt Reeves n’échappe pas à cette règle et établi un contraste frappant avec les précédentes adaptations du célèbre justicier masqué.
C’est d’ailleurs ce qui ressort immédiatement et en majorité au visionnage de ce film : nous n’avons pas à faire à un Batman vieillissant, aigri, expérimenté, sage ; mais plutôt tout l’inverse. Bruce Wayne est encore jeune, il n’a endossé le bat-costume que depuis deux années et le symbole qu’il souhaite représenter est encore brumeux.
La séquence de présentation du personnage, sans doute la plus efficace que j’ai vu à ce jour, donne le portrait d’un justicier craint, inspirant la terreur à la seule évocation de son nom et qui fait de chaque coup un souvenir indélébile pour qui voudrait s’y frotter à nouveau.
Batman en ce début de film n’est pas un Chevalier protecteur de la veuve et l’orphelin, il est « la Vengeance ».
Et c’est après cette folle séquence d’introduction, qui pose immédiatement les bases de l’ambiance pour les trois prochaines heures, qu’un autre point fort du film est mis en évidence : le justicier masqué est avant tout un détective, avant d’être un Rambo fan de chauve-souris.
Le « grand » détective
En effet le film met en avant les talents de détective de Bruce Wayne et de son alter ego, l’enquête est au cœur de l’intrigue et on a droit à un « Seven » à la Batman. La comparaison s’arrêtera là rassurez-vous, l’enquête n’étant pas des plus originales même si elle reste très efficace et garde le spectateur en haleine jusqu’à sa résolution.
J’ai malheureusement eu l’impression que notre cher Wayne galérait quelque peu sur certains points qui trouvent une réponse grâce à l’intervention de partie tierce (le Pingouin pour l’énigme en espagnol et le policier pour l’arme du crime), interventions pour le moins forcées et qui ne servent qu’à débloquer l’intrigue sans grand effort de cohérence (sérieux la scène de Gordon qui se fait corriger sur sa grammaire espagnole par le pingouin et qui regarde Batman en lui reprochant la honte qu’il vient de se taper devant l’un des plus grands baron du crime de la ville, c’est magique).
Alors je force le trait volontairement, parce que je conçois que ce genre d’artifice est courant et finalement dans ce contexte c’est pas si dérangeant, le film tente même de se justifier de manière à peu près efficace (pour rester dans l’espagnol, on comprend bien avant que visiblement c’était pas bon, mais on ne s’attarde pas).
Mais ça m’a fait sourire donc il fallait que ce soit souligné, et puis fallait bien trouver des trucs « négatifs » à dire.
Ambiance Gotham
On en a parlé dès le début de cette critique, avec cette séquence d’introduction, mais le gros point fort du film c’est son ambiance.
Lors de mon premier visionnage j’étais accroché au siège et je n’ai pas vu passer les trois heures.
Le climat sombre et mystérieux qu’arbore le film est savamment mis en place grâce à la photographie magnifique de Greig Fraser (déjà à l’œuvre sur Dune récemment) ainsi que la bande-son sublime de Michael Giacchino (qui s’est fait une place dans mon cœur depuis Star Trek).
Le film nous plonge dans la nuit à Gotham et, contrairement à la trilogie de Nolan (que j’apprécie énormément), l’action de jour est quasi inexistante, le personnage de Bruce étant lui-même devenu un « animal nocturne » qui semble craindre la lumière du soleil (clin d’œil à la séquence du petit-déjeuner, très joli le détail des lunettes).
Gotham transpire la corruption, la violence et le désespoir, accentués par les teintes noir/bleutée qu’un éclair de lumière jaune vient parfois briser en essayant de trouer le kevlar du bat-suit avec l’arsenal d’un texan.
Pour finir sur l’image, la séquence lumière rouge sur Batman dans l’eau est réellement magnifique et m’a perforé la rétine.
Ensuite la musique : sorti de ma première séance j’avais du mal à me remettre en tête les thèmes principaux, je me suis dit qu’elle ne devait pas être si marquante.
Mais en la réécoutant et en allant voir le film une seconde fois dans de meilleures conditions (si vous en avez l’occasion jetez vous sur l’IMAX c’est vraiment l’idéal pour voir ce film) j’ai été subjugué par son efficacité.
Elle accompagne l’action avec justesse et créé de l’intensité et de l’émotion, elle donne une véritable identité sonore à ce nouveau Batman.
Passer après Zimmer c’était pas gagné pour moi, mais finalement le pari est bien relevé.
Mention spéciale pour l’introduction/conclusion sur « Something In The Way » de Nirvana, c’est fou.
Cast
Avant de conclure, je voulais faire un rapide point sur la qualité du jeu dans ce film.
Comme cité en intro, pour moi il n’y a pas de « meilleur Batman », il y’a des bons et des moins bons films sur le Chevalier noir mais je ne doute pas que chacun des acteurs a donné ses tripes pour coller au mythe de la meilleure manière (des doutes sur George et Val mais je vous aime quand même).
Tout ça pour dire que je n’ai jamais participé à ces débats sur la légitimité d’un acteur à endosser ce rôle fort de symbolisme. Bien au contraire, je me réjouis à l’idée de voir une nouvelle approche.
Et je dois dire que dans ce cas précis, Robert Pattinson m’a vraiment convaincu. Alors oui il n’a pas la carrure d’un rugbyman ou les traits tiré d’un cinquantenaire ni une voix tonitruante.
Mais il habite vraiment le personnage et il reflète avec brio ce Bruce Wayne encore meurtri, jeune et aveuglé par la peine, la colère et la peur de revivre la tragédie qu’est la perte de quelqu’un qu’on aime.
J’ai beaucoup apprécié son approche du personnage, du mythe, et je trouve qu’il a su insuffler quelque chose de nouveau.
Les autres acteurs sont tous excellents, (j’avais pas reconnu Colin Farrell dis donc) et j’aime particulièrement les alchimies Catwoman/Batman et Gordon/Batman, très réussies.
L’interprète du Ridler est lui aussi très juste dans un rôle qui, pourtant, ne fait pas grand-chose de neuf en meurtrier psychopathe. Mais il tient le rôle et ça fonctionne très bien.
THE Batman ?
Alors, est-ce que ce film est le meilleur sur Batman ?
À mes yeux le Dark Knight de Nolan n’est pas encore détrôné (subjectif attention, je connais l’amour pour le Batman de Tim Burton de la plupart des fans du Chevalier Noir) même si celui-ci vient se placer à distance respectable.
Mais l’un des points sur lesquels je trouve qu’il excelle c’est la maîtrise de la symbolique du personnage.
Tout le long du film nous suivons un Batman qui inspire la terreur chez ses ennemis, craint même par ceux qu’il souhaite défendre.
Un justicier qui devient malgré lui le fer de lance d’idéaux qu’il ne veut pas défendre, un Bruce Wayne qui fini dépassé par sa création.
Lors de cette conclusion magistrale, la violence brutale devient sacrifice, la peur s’efface à la lumière du jour, la confiance se bâtit sur les ruines de la corruption…
…Et la Vengeance laisse sa place à l’Espoir.
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Créée
le 5 mars 2022
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