The Bat, the Cat et chèque et Matt

Oui je sais, 1 sur 10 c'est sévère. Et pourtant, cette note est à l'image de ma déception : abyssale.


J'aurais tant aimé aimer ce film. J'ai essayé. En entrant dans la salle 5 du cinéma d'art et d'essai Les 400 Coups, à Angers, je me disais que j'allais donner une chance à The Batman, que ça ne pouvait pas être si terrible, que j'allais lui trouver des qualités. Loupé.
Par où commencer ?


L'HISTOIRE


Une ombre mystérieuse et terrifiante rôde dans Gotham depuis deux années : Batman. Son nom est déjà connu de tous, mais bien des questions demeures. Qui est-il ? Est-ce un ennemi sans foi ni loi, ou au contraire un justicier qui veut aider la police à combattre le crime ?
Bruce Wayne, quant à lui, rumine ses démons et les cauchemars qui le hantent dans son immense manoir, toujours épaulé par son fidèle majordome Alfred.
Un énigmatique (c'est le cas de le dire) individu sévit et commet des crimes soigneusement préparés : le Riddler. Pendant ce temps, une certaine Catwoman vole dans des maisons et finit par s'associer avec le chevalier noir dans sa lutte contre le crime.


C'est mou. C'est lent. C'est long. Les personnages chuchotent presque tout le temps et mettent trois plombes à prendre des décisions pourtant simples. Les scènes d'actions sont trop rares et trop courtes, en plus d'être illisibles.
Le film s'ouvre sur le titre écrit en rouge (quelle surprise !) et une musique d'église, genre Ave Maria, et se termine sur une scène décevante dans laquelle Matt Reeves semble faire ressurgir un ennemi de Batman. Youpi.
Les intrigues secondaires alourdissent considérablement un film déjà bien rempli.


En parlant de ça, l'histoire de Selina Kyle et de ses parents n'apporte strictement rien. Vouloir donner une famille au personnage n'est pas une mauvaise idée, mais pourquoi Falcone comme père ? Pourquoi lui ? Quel est l'intérêt ?
De même, le passé du Riddler est raconté à travers un dialogue (ou un monologue, je sais déjà plus) face à un Batman inexpressif.


LES PERSONNAGES


Commençons par le fameux Batman/Bruce Wayne. Robert Pattinson n'est pas un mauvais acteur, loin de là. Je passe sur son rôle dans la saga Twilight, bien entendu. Le problème, c'est qu'être un bon acteur ne signifie pas être un bon Batman/Bruce Wayne. Un certain George Clooney en a déjà fait les frais par le passé...
Lorsqu'il joue Bruce Wayne et qu'il se promène dans les interminables couloirs de son manoir, il a l'air tellement dépressif que j'avais toujours l'impression qu'il allait prendre une corde pour se pendre. Batman marche lentement en faisant du bruit avec ses chaussures, comme s'il le faisait exprès pour donner un effet.


Catwoman/Selina Kyle. Un massacre. Elle a un fouet mais ne s'en sert qu'une seule fois - et encore, elle le fait claquer deux fois et puis c'est fini. Zoé Kravitz est bien mignonne, cela ne l'empêche pas d'être mono-expressive au possible et de ne montrer aucune différence entre Selina et son alter ego. Le jeu avec les perruques et les différentes fausses identités de Selina est inutile et la fait plus ressembler à une sorte de James Bond qu'à Catwoman [edit : je viens de lire les comics Catwoman, ce qui m'a permis de comprendre l'histoire des perruques]. Elle se dandine comme si elle marchait dans un défilé de mode avec son éternelle petite moue agaçante. Et ce foutu chewing-gum !


Le Riddler. Je l'attendais presque autant que Catwoman. J'avais beaucoup aimé la version de Jim Carrey (surtout ses pyjamas verts et argents), car il avait au moins le mérite d'être drôle et flippant - complètement en roue libre et imprévisible. Là, c'est du gâchis. Ce Riddler est gênant tout au long du film, ni drôle ni flippant, juste agaçant du début à la fin.


Le Pingouin. Inutile. Juste inutile. Et moche, en plus. Il ne serait pas dans le film, ce serait beaucoup mieux.


Pour les autres personnages, je vous laisse juger par vous-mêmes.


LES DIALOGUES


Si certains sont mal écrits, d'autres sont inutiles. Prétentieux, faussement mystérieux, on les croirait concoctés par Christopher Nolan, et c'est pas un compliment.
Un dialogue m'a quand même intriguée. Lors de la confrontation entre Batman et le Riddler démasqué et enfermé à Arkham, le Riddler explique à Batman que le chevalier noir est la véritable identité de Bruce Wayne. L'idée n'est pas inintéressante. Dans Batman : le défi, déjà avec Catwoman et le Pingouin, Tim Burton avait déjà évoqué cet aspect du double personnage, mais l'avait mieux présenté. Au début du film, juste après la première attaque des clowns, le commissaire Gordon donne l'ordre par radio d'allumer le bat-signal. On le voit donc s'allumer (le bat-signal, pas Gordon) puis, par un habile jeu de miroir, illuminer le salon de Bruce Wayne, assis dans l'ombre, l'air songeur. Et le voilà qui s'anime comme s'il prenait vie. Aucun dialogue. Juste la mise en scène et la musique.


LA MUSIQUE ET LA PHOTOGRAPHIE


Je ne vais pas m'étendre là-dessus. Certains passages ressemblent bien trop à la sublime musique de Danny Elfman pour Batman : le défi qui accompagnait la non moins sublime Catwoman. Perturbant.
Quant à la photographie, si quelques scènes sont bien foutues, l'omniprésence du rouge est désagréable à la longue. J'ai aussi beaucoup entendu parler de la violence de certaines scènes, je la cherche toujours. On dirait que personne ne saigne, les blessures ne sont pas plus spectaculaires que dans d'autres films, on ne voit presque rien des meurtres et les combats sont bien trop rapides pour être vraiment violents. Batman tabasse des mecs mal maquillés ou masqués, c'est tout. Woaw.


COSTUMES ET ACCESSOIRES


Le bat-costume n'est très clairement pas à la hauteur de mes attentes. Les oreilles sont tellement pointues qu'elles ressemblent presque à des antennes d'escargot et le nez est proéminent.
Catwoman n'est pas en reste. Son costume est quelconque, sans intérêt ni personnalité. Le pire reste la cagoule avec micro-oreilles de chat.


Passons aux véhicules. Je savais déjà de quoi avait l'air la batmobile, donc aucune surprise de ce côté-là. On dirait une voiture banale customisée. Aucune classe.


Matt Reeves aura réussi à réaliser le pire film Batman que j'ai jamais vu. Bravo.

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le 2 mars 2022

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