The Battery, c'est un peu le film de zombie véritablement terre-à-terre que j'attendais. Petits moyens et épuration naturaliste pour un film qui sait ne pas se prendre au sérieux (hello The Walking Dead) tout en usant d'un réalisme à toute épreuve, dans un condensé de genres bref mais qui se révèle, malgré ses quelques failles, efficace. Jeremy Gardner forme un tout avec rien, ou si peu, et c'est bien la chose dommageable du film. Ce vide croissant qui traverse le métrage de part en part (deux personnages, que la caméra ne sort jamais du cadre, peu d'action, une intrigue qui semble aller au gré du vent, et des passages sous fond de folk qui ressemblent davantage à des clips indies) se révèle être autant sa faiblesse que sa force.
En fait, on se demande ce que le film a réellement à apporter à ce genre usé jusqu'à la moelle (voire éhonteusement lynchés ces dernières années : on pense tous à la même chose ?), tant il s'appuie sur un nihilisme évident au niveau scénaristique. En fait, The Battery, c'est l'antithèse de ce qu'a pu être World War Z – un blockbuster puant, écrit avec un bourrinisme indigeste, divertissant mais bête, comme si l'alliance de ces deux termes n'était même plus à contester – et juste pour ça, il mérite qu'on en reconnaisse la qualité. C'est souvent quand on en fait peu qu'on a le plus à dire. Ô combien l'intrigue du film cité plus haut puisse avoir-t-elle été remplie de rebondissements improbables, elle n'en était pas moins vide. Ici, avec très peu d'artifices et une évidente sincérité, Jeremy Gardner parvient à construire une œuvre unique en son genre (enfin).
C'est un film de zombies réaliste : au placard les fils rouges, les héros messianiques intouchables (hello Rick Grimes), et les armes rechargeables à l'infini. Bonjour l'ennui, la mélancolie, la vacuité et la culpabilité. Sans se dresser en tableau existentiel, The Battery propose une autre vision des choses : deux amis, survivants d'une épidémie, tracent leur route et tentent de survivre.
Le film s'installe dans un cadre quotidien, presque banal aux penchants indé mumblecore – des dialogues minimes qui n'ont presque pas d'effets sur l'intrigue; les personnages ont la trentaine, dépassés par les événements, encore irresponsables et totalement désabusés, observant leur vie plutôt que de la construire – qui en fait une apocalypse plus humaine qu'à l'habitude.
Aussi formellement réaliste dans ses parfois interminables plans fixes (cf le dernier acte en huis-clos dans la voiture), The Battery rappelle un Shaun of the dead qu'auraient visité les personnages d'Apatow, et apporte à l'ensemble une touche d'humour bienvenue. Le second degré est omniprésent – depuis le temps que j'attendais d'entendre le z word dans un film de zombie ! – tout en étant contrebalancé par un ton beaucoup plus obscur, horrifique dans ses derniers retranchements menant à un point d'orgue d'intensité.