La Baie de la Honte
Barry Levinson, 70 ans, avec une carrière riche et contrastée, démontre une vitalité surprenante dans son dernier long métrage. Parti pour réaliser un documentaire écolo sur la baie de Chesapeake,...
le 10 févr. 2013
32 j'aime
2
Claridge est une station balnéaire du Maryland,sur la baie de Chesapeake,qui donne dans l'Océan Atlantique.Le 4 juillet 2009,jour de la fête nationale américaine,les estivants affluent,vont se baigner ou profiter des activités maritimes,assistent à des animations en attendant le feu d'artifice du soir.Mais soudain ça part en vrille,plein de personnes tombent brusquement malades,des pustules répugnantes apparaissent sur les corps,les gens dégueulent du sang et se tordent de douleur,c'est la panique totale et les autorités sont vite débordées.Un montage de films vidéo amateurs nous explique comment on en est arrivé là,l'épidémie trouvant son origine dans la pollution massive de la baie,qui a favorisé la croissance en nombre et en taille d'isopodes,sortes de crustacés voraces."The bay" est un film d'horreur relevant du sous-genre du found footage,ces faux reportages vidéo popularisés en 99 par "Le projet Blair Witch".Le film est produit par le pape du genre Jason Blum,patron de la firme Blumhouse,et par son pote Oren Peli,le réalisateur de "Paranormal activity",un grand hit du found footage.Ce qui est étonnant est que c'est réalisé par ce bon vieux Barry Levinson,déjà 70 ans à l'époque,plutôt habitué à travailler sur du cinéma très classique.Il aurait été interpellé par de vrais reportages sur la baie de Chesapeake faisant état d'une dramatique pollution,et aurait décidé de traiter ça sous cette forme afin de mieux choquer et sensibiliser le public à ce problème.On peut estimer l'objectif atteint car si l'oeuvre relève de l'exagération coutumière des écolos,ça donne quand même à réfléchir et ça fait assez peur.Sur un excellent scénario de Michael Wallach,nous suivons donc un montage de vidéos présentées comme réelles et venant de différentes origines,constituant un collage d'images extraites de bandes issues de caméscopes,de téléphones,de webcams ou de vidéo-surveillance fournies par différentes personnes mêlées à l'évènement.Il y a une étudiante en communication flanquée de son caméraman,deux océanographes sur leur bateau,des adolescents qui se filment,le maire de la ville désireux de minimiser les faits,la police dépassée par l'ampleur du désastre,un jeune couple qui navigue vers Claridge ou encore le personnel d'un hôpital où les gens,bouffés de l'intérieur par les sales bêtes,trépassent par paquets entiers.Le système du faux reportage renforce l'impression de réalisme mais au bout d'un moment c'est plutôt inconfortable et pénible à regarder.Des images floues et granuleuses,du montage heurté,des caméras qui bougent et tressautent,des coupures intempestives,des compteurs dans les coins d'écrans,des passages de la couleur au noir et blanc,des cadrages à la ramasse,toutes les joyeusetés du filmage amateur sont bien là,mais sur la durée d'un long-métrage ça fatigue les yeux.Sinon c'est bien foutu,la narration monte habilement en régime,les effets gore bien dégueus se multiplient,l'ambiance de fin du Monde s'installe progressivement et les situations comme les personnages évoluent logiquement.Bien sûr on a déjà vu des trucs approchants,on pense au "Frissons" de Cronenberg,à "Parasites",à "Contagion",mais "The bay" affirme une certaine singularité de par son utilisation du found footage,son cadre balnéaire estival et son message écologique radical.Il apparait au final une affaire que le gouvernement préférerait étouffer,avec un site naturel dans lequel on déverse tout un tas de saloperies,principalement les fientes de poulets venant d'un immense élevage de volailles,des animaux gavés de stéroïdes afin de les faire grandir plus vite et de pouvoir les mettre plus rapidement sur le marché.Malheureusement ces stéroïdes font aussi pousser très vite et démesurément ces isopodes qui s'attaquent aux poissons,puis aux hommes.Des acteurs inconnus ont été engagés,ce qui est une option excellente car ça conforte le sentiment de réalité du dispositif.On distingue parmi eux Kether Donohue,la charmante apprentie journaliste au fessier intéressant,son personnage dit d'ailleurs qu'elle aurait dû enfiler un pantalon moins serré.Il y a également le très bon Stephen Kunken,en médecin dévoué refusant de laisser tomber ses patients,ou ce qu'il en reste,et la jolie Nansi Aluka en océanographe française de l'équipe Cousteau.Notes et critiques de films de Barry Levinson publiées précédemment:"Sleepers"-8,"Bugsy"-5,"Rain Man"-8.Moyenne:6,7.
Créée
le 22 févr. 2025
Critique lue 23 fois
2 j'aime
5 commentaires
D'autres avis sur The Bay
Barry Levinson, 70 ans, avec une carrière riche et contrastée, démontre une vitalité surprenante dans son dernier long métrage. Parti pour réaliser un documentaire écolo sur la baie de Chesapeake,...
le 10 févr. 2013
32 j'aime
2
Le résumé de The Bay, pour le moins laconique (« Dans la baie du Maryland, une bactérie non identifiée contamine le lac et ceux qui s’en approchent… »), ne vendait pas particulièrement du rêve sur le...
Par
le 22 févr. 2013
19 j'aime
2
Barry Levinson, l'homme à l'origine de "Rain Man", "Sleepers", "Sphere" ou "Good Morning, Vietnam", laissant une trace indélébile sur le cinéma américain, aux commandes d'un found footage ? Il faut...
Par
le 14 juin 2013
15 j'aime
1
Du même critique
Earl Stone,vieil horticulteur ruiné,accepte de convoyer de la drogue pour le compte d'un cartel mexicain,mais le gang a la DEA sur le râble.Clint Eastwood produit le film avec sa compagnie,la...
Par
le 25 mars 2021
30 j'aime
9
12e Siècle,pendant la Troisième Croisade.Robin de Locksley,jeune noble anglais parti guerroyer avec les troupes de Richard Coeur de Lion,est prisonnier des arabes à Jérusalem.Il parvient à s'évader...
Par
le 3 oct. 2022
28 j'aime
22
Un écrivain anglais raté décroche le pactole lorsqu'il est embauché pour rédiger les mémoires d'Adam Lang,ex premier ministre britannique très médiatique.Il se rend dans la propriété du...
Par
le 14 nov. 2021
27 j'aime
8