Quand on s'appelle Hans Herbots et qu'on a à son actif une comédie et un drame, je comprends que réaliser l'adaptation d'un roman policier manifestement célèbre peut faire peur. Je comprends aussi que l'on puisse puiser son inspiration dans les plus grands thrillers du cinéma. Mais si c'est pour plagier tour à tour Se7en, Le Silence des Agneaux et Saw, c'est non !


Pour commencer le scénario est particulièrement médiocre. Le synopsis rassemble déjà le cliché du flic qui a perdu un proche (ici, son frère qui a disparu quand ils étaient enfants) et le cliché de la nouvelle enquête qui va résonner avec la vie privée de l'enquêteur. Le niveau d'écriture se détériore au fur et à mesure que les scènes passent. On enchaîne les sous-intrigues réchauffées et les lieux communs les plus évidents, tout en glissant de temps en temps dans le montage des éléments totalement artificiels (le moment où le héros perd son flingue, sérieusement...).


Pourtant, il faut reconnaître que le film n'est jamais prévisible, pas parce qu'il est bien écrit mais parce qu'il est complètement incohérent. On nous présente régulièrement de faux problèmes (le voisin qui harcèle le héros, la confession du maître nageur...) qui n'existeraient pas si les personnages avaient un peu de bon sens et prévenaient les autorités. Et se dire toutes les 10 minutes "Ok, mais pourquoi tu ne fais pas appel à la police ?", c'est lourd. L'antagoniste est symptomatique de cette mauvaise écriture : son mode opératoire n'a absolument aucun sens. On était trois à voir le film et personne n'a compris l'histoire d'hormones féminines (si jamais quelqu'un a une explication je suis preneur). De plus, la raison de ses agissement est complètement stupide, autant garder le silence sur le début de sa folie plutôt que de partir sur une explication à deux balles.


Quant à la narration, elle est calamiteuse et nuit clairement à la compréhension en passant régulièrement du coq à l'âne. On alterne entre trois personnages, le policier, le gros et la femme enfermée chez elle, mais ce changement de point de vue n'apporte rien. Le gros est terriblement mal introduit et n'a aucune utilité, tout comme la mère de famille que l'on voit dans des séquences vides et interminables. Se limiter à celui du policier aurait pu augmenter l'impact de certaines révélations et alléger le film (on sent passer les deux heures).


La réalisation est à la hauteur de l'écriture. C'est téléfilmesque au possible. Les couleurs sont ternes, le point n'est jamais correct et les quelques ralentis présents sont d'une laideur sans nom. Mais le plus raté est sans doute l'éclairage : tout est sombre. Plutôt que d'allumer la lumière, les personnages préfèrent sortir leur lampe torche, en éclairant directement la caméra en passant. Le réalisateur essaye manifestement d'instaurer une ambiance, il y a tout un mythe qui se construit autour des trolls (c'est évoqué deux fois par des enfants random et ça devient une piste, mdr), mais le metteur en scène a vite dû se rendre compte que ça ne fonctionnait pas et il nous a collé des scènes bien glauques et un scare-jump pour nous consoler. Il tente également de redresser la barre avec des séquences émotions, qui sont involontairement comiques (mention spéciale au passage hallucinant où le maître nageur se blottit en position fœtale dans les bras du policier).


En somme, le film est un mélange bâtard de glauque et de réchauffé. Les acteurs ne sont pas très convaincants en néerlandais et sont tout simplement mauvais quand ils passent au français. Mais je ne pense pas qu'on puisse tirer quelque chose de mieux de cette histoire pauvre et absconse. Un gâchis de temps, d'argent et d'énergie.

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le 7 janv. 2016

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