« C'est la beauté intérieure qui compte » : cette phrase ressort souvent, et souvent on répond qu'on est d'accord, mais il y a toujours une part d'hypocrisie. Ce film met l'idée en pratique : à quel point la beauté intérieure peut-elle vraiment prévaloir sur le reste ?
C'est sans surprise que l'idée derrière l'histoire (un homme qui se réveille chaque matin dans un corps différent) débouche sur une romance, mais quelle romance. On est loin de l'histoire facile que pouvait faire attendre la spécificité majeure du personnage, et bien devant une étude réfléchie sur ce à quoi pouvait ressembler sa vie - ou au moins sa partie sentimentale, le reste étant habilement glissé sous le tapis de sa procrastination.
Le rythme amortit si bien le passage d'un chapitre à l'autre, ces sections de l'histoire à travers lesquelles s'écoulent le déni, la curiosité puis l'acceptation, que j'ai envie de le qualifier de rien moins que moelleux. L'affection, l'incrédulité puis l'amour des personnages trouvent en nous l'écho d'une inquiétude et d'un espoir entremêlés, plusieurs fois ravivés par des acteurs touchants au possible.
Si l'on y prenait pas garde, ce complexe émotionnel camouflerait aisément les nombreuses questions posées en demi-teinte sur la société coréenne, la place du couple en son sein, l'acceptation des sentiments, l'abnégation et le dévouement d'une personne au regard de son équilibre psychologique, et ultimement l'adaptabilité de l'Homme à l'impermanence. Car y a-t-il relation plus impermanente avec la beauté que d'être amoureux·se d'un homme dont le visage change chaque matin ?
J'ai envie de dire que c'est avec trop d'humilité que The Beauty Inside pose ces questions, nous laissant trop jouir de ses dilemmes cornéliens et des décisions magnifiques qu'il décrit. Mais à bien y regarder, il la pose aussi violemment qu'il use de notre empathie pour nous faire passer du sourire aux larmes – quand ce n'est pas les deux en même temps. Quand on est en face d'une telle œuvre à la fois lucide et forte sur la difficulté d'une relation amoureuse, on n'a rien à regretter.