Pizza Paradis
C’est par hasard que je découvris ce film un jour d’été ensoleillé ; alors que je lisais un magazine qui traitait de l'actualité (je ne dévoilerai pas le nom de ce canard) un ami vint frapper à ma porte.
Une personne chaleureuse, intelligente et souriante, (quoique froide et bizarre quand il s’agit de débats sur l’art, les samouraïs ou les jeux vidéo).
Il venait sans raison. Sinon celle de discuter un peu.
Pendant que je cherchais avec mes mains parmis quelques décombres à côté de mon canapé je trouvai une boîte de pizza que je n’avais pas terminé la veille à midi ; il en restait un quart.
Ne voulant pas faire la fine bouche pour un sou, d’autant que nous étions un samedi, et que les week-ends les magasins sont bourrés de monde et que je déteste ça, j’ouvris ma boîte de pizza, puis allais en décrocher ce petit quart qui était là et semblait n’attendre que ma moi pour être avaler ; moi, tel un aventurier qui avait découvert un trésor – qui allait finir 1 heure plus tard en bouillie aux W.-C. – je m’apprêtai à l'engloutir quand cet ami au regard médusé – pourtant il me connaissait bien, même si j’avais quelque peu changé ces derniers temps ; plus relâché, « détendu » et bordélique... ; ne pas avoir de copine et se contenter de restes de pizza amènent souvent à ce résultat... – quand cet ami au regard médusé disais-je donc, m’interpella de son attitude à la fois curieuse et inquisitrice, je lui lançai un « Quoi ? » tout en m’asseyant, prenant quand même ma part de pizza, bien décidé à la manger – j’avais très faim et elle était appétissante, bon sang !
Cet ami ne trouva rien à dire ; il semblait comme sortir d’un rêve étrange en reprenant ses esprits ; moi je continuais de l’observer en savourant maintenant ma délicieuse part de pizza aux arômes décuplés, même si la croûte était un petit peu trop sèche.
Puis il dit, l’air naturel et débonnaire ; « Tu as déjà vu de “The Big Lebowki” ? » Je fis non de la tête, trop occupé à mâcher consciencieusement mes tomates séchées aux anchois et fromages, et il continua comme quoi je devrais le voir ; deux jours plus tard je louai le film ; ce fut une plus grande explosion de saveurs que ma pizza – sans la mauvaise digestion en avantage.
Los Angeles, ville des anges, fin des années 80, c’est là qu’on voit Jeffrey « le Mec » Lebowski.
Il passe ses journées en peignoir (un vrai philosophe) à fumer, regarder la TV et grignoter.
Mais tout son petit monde va être bouleversé quand il sera embarqué dans une affaire d’otage malgré lui ; et entre son ami qui n’arrête pas de rappeler à qui veut l’entendre qu’il a fait le Viet-nam, ces truands nihilistes qui veulent récupérer la malette, une peintre rousse obsédée par les vagins dans la représentation artistique et un paraplégique millionnaire qui se croit tout-puissant, le Dude devra faire preuve de courage et de patience.
Le Mec (Dude en VO) fait désormais partie de la galerie de personnages tous plus haut en couleurs, petés, « fous » et originaux les uns que les autres ; tel que le bedonnant Ignatius et sa grande naïveté qui n’hesite pas à commenter péjorativement des gamins en train de danser et s’embrasser à la télévision et qui ne rechigne jamais devant un donut ou un hot-dogs ; le fou don Quichotte qui croit être un chevalier ; le névrosé Raskolnikov ; Travis Bickle dans sa petite piaule faite de solitude, de désordre et de crasse ; Trevor Phillips le psychopathe accro aux amphétamines capables de décrire l’odeur de ses testicules à une inconnue dans la rue. Et tant d’autres...
Le Dude lui, c’est sa fainéantise et sa bêtise qui lui donnent toute sa saveur et le caractérisent. (Même si au c’est plus un philosophe épicurien).
Ça vaut le coup d’oeil, ne serait-ce que pour voir cet homme capable d’observer un stoïcisme et une tranquillité d’esprit à toute épreuve ; que ce soit en roulant sans pare-brise (puisqu’il a été pété par un teubé), ou encore faire un chèque pour acheter une brique de lait de 69 cents vêtu d’un peignoir au supermarché du coin.